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Le Point.fr - Publié le 

Le géant du logiciel acquiert l'activité téléphones de l'ex-numéro un mondial du mobile. Une bonne nouvelle pour les employés du groupe finlandais.

Le dernier fer de lance de Nokia, le Lumia 925.
Le dernier fer de lance de Nokia, le Lumia 925. © Nokia
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Après des années de tergiversations, Nokia a annoncé, mardi matin à l'aube, qu'il céderait son activité "téléphones mobiles" à Microsoftpour la bagatelle de 5,44 milliards d'euros. Une somme correcte pour l'ex-numéro un mondial du mobile, qui se sépare d'une activité qu'il n'arrivait plus à rentabiliser. Toujours bien placé dans le classement des ventes en nombre d'unités, il peine à équilibrer ses comptes, car il vend essentiellement des appareils bas de gamme. Le segment noble et très rentable, celui des smartphones, reste largement acquis aux téléphones équipés d'Android (Google), fabriqués par Samsung notamment, et aux iPhone d'Apple.

Toutefois, Nokia s'est réveillé en 2011 en lançant une gamme de smartphones complète : les Lumia. Ces appareils exclusivement équipés du nouveau système mobile de Microsoft, Windows Phone 8, sont devenus une référence en matière de qualité et de fiabilité. Les atouts du logiciel américain jouent aussi en sa faveur, avec une interface innovante et un nom bien connu du grand public. Mais ses handicaps restent flagrants, notamment le manque d'applications compatibles, lié au jeune âge du système d'exploitation.

Le mieux est l'ennemi du bien

Dès le lancement de Windows Phone, en 2010, Microsoft avait noué avec Nokia un partenariat très solide, jamais mis à mal par les tentatives du taïwanais HTC et du coréen Samsung. Et cela commence à prendre : les ventes de Lumia permettent à Windows Phone de dépasser Apple dans deux pays (l'Australie et le Mexique) et de rentrer dans la cour des grands dans de nombreux autres, selon les derniers chiffres publiés mardi par Kantar et commentés par PCInpact. "Microsoft a notamment réalisé un véritable carton en France, avec 11 % des ventes de smartphones" entre mai et juillet 2013, explique le site spécialisé, ce qui représente une progression de 7,4 points sur un an. 

Si la presse a d'abord transmis l'information en insistant sur une hypothétique fin de parcours pour Nokia, il est clair que c'est une excellente nouvelle pour le fabricant européen. D'ailleurs, l'action Nokia a bondi de 47 % à l'ouverture de la Bourse d'Helsinki mardi, grimpant à 4,36 euros, sa meilleure cotation depuis deux ans. Ces derniers mois, la perspective d'un rachat par un géant asiatique se faisait de plus en plus crédible, ce qui aurait presque inévitablement été accompagné par la disparition de la culture d'entreprise. En juin dernier, le mastodonte chinois Huawei, pressenti comme prochain numéro un mondial, avait déclaré son intérêt pour un tel rachat, avant de démentir. En se réfugiant chez Microsoft, les téléphones de Nokia sauvent - a priori - l'essentiel.

Le spectre des licenciements

Selon le communiqué du nordique, 32 000 de ses employés passeront sous le giron de Microsoft, dont 4 700 pour la seule Finlande. La transaction devrait être bouclée au premier trimestre 2014, sous réserve de la validation par les autorités de la concurrence. La décision de mardi a été qualifiée de "meilleur chemin pour aller de l'avant, à la fois pour Nokia et pour ses actionnaires", par le président du groupe finlandais, Risto Siilasmaa, qui doit par ailleurs prendre temporairement la place de directeur général de Stephen Elop. L'ex-DG de Nokia intègre Microsoft comme vice-président exécutif, et doit diriger la transition de ses équipes selon la presse américaine. Il dirigera aussi les équipes de la console Xbox et des tablettes Surface. "Pour accélérer notre croissance dans le mobile, nous avons pensé qu'il était important d'avancer plus rapidement", a commenté Steve Ballmer, P-DG de Microsoft,qui vient d'annoncer sa retraite prochaine.

Nokia a déclaré vouloir concentrer désormais son activité sur les services, notamment la localisation (avec HERE) et les réseaux (avec NSN). En août, le groupe avait d'ailleurs acquis en Allemagne les 50 % qui lui manquaient dans la coentreprise Nokia-Siemens Network (renommée NSN), probablement en prévision de l'opération avec Microsoft et de sa réorientation. Son portefeuille de brevets, l'un des plus fournis au monde dans le secteur, devrait aussi lui assurer des revenus importants.

Après cet événement majeur sur le marché, on ne peut s'empêcher de penser à deux autres rachats.Celui de Motorola par Google, en août 2011, pour 12,5 milliards d'euros, soit plus du double de la transaction d'aujourd'hui, cette différence s'expliquant notamment par le fait que Nokia garde son portefeuille de brevets. Et celui des parts d'Ericsson dans Sony-Ericsson par le japonais, toujours en 2011. Ces précédents inquiètent les employés de Nokia : Google avait licencié 4 000 employés de Motorola quelques jours après le rachat, et Microsoft pourrait suivre ses pas...

03.09.2013
 
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