Transparency international et Sherpa ont déposé mercredi une plainte contre les familles Ben Ali et Trabelsi - celle de la deuxième épouse du président déchu - pour corruption. Ils demandent "que soient saisis leurs biens, dans le but d'obtenir l'ouverture d'une information judiciaire relativement aux avoirs qu'ils possèdent en France, dont il est vraisemblable qu'ils sont le produit de détournements de fonds publics", selon les ONG. Que sait-on, aujourd'hui, de ce patrimoine?
En France, immeubles et chevaux de course
Les informations précises sont difficiles à obtenir. Les deux familles ont des biens nombreux en France mais beaucoup se cacheraient derrière des prête-noms. Selon plusieurs sources, relayées notamment par Europe 1, la famille Ben Ali serait propriétaire d'un immeuble, dans Paris, évalué à 37 millions d'euros. De même, elle possèderait plusieurs appartements dans la capitale ainsi que des propriétés en région parisienne.
Europe 1 cite également un chalet à Courchevel et une villa à Cannes. La radio évoque aussi un haras de 19 chevaux de course, possédé par Slim Chiboub, un gendre de Ben Ali. Ce dernier serait soupçonné d'avoir détourné des fonds en Tunisie. Ses chevaux pourraient être saisis eux aussi alors que l'on ignore si le propriétaire est en exil en Libye ou emprisonné en Tunisie.
Palais en Tunisie, comptes en Suisse, propriétés en Argentine et aux Etats-Unis
Selon Le Parisien, la fortune du clan Ben Ali s'élèverait à 5 milliards de dollars, disséminés partout dans le monde. Une maison, dans le Vermont, aux Etats-Unis, aurait été acquise en 2008 par un autre gendre pour 2 millions de dollars. D'autres propriétés, en Argentine, au Brésil sont évoquées.
La Suisse, pour sa part, a annoncé son intention de bloquer les fonds "d'éventuels avoirs de Ben Ali", confirmant un peu plus les soupçons de comptes multiples à Zurich et Lausanne. D'autres comptes seraient ouverts dans le Golfe et en Tunisie, toujours selon le Parisien.
En Tunisie, les "palais" des Ben Ali sont nombreux. Selon plusieurs informations, Ben Ali a passé ses dernières heures dans le pays dans une villa luxueuse d'Hammamet. Les images de cette demeure ont fait le tour du monde (voir la vidéo de France 24). D'autres palais du clan ont été saccagés, notamment dans le nord de Tunis.
Tracfin sur la piste de Ben Ali
La cellule de lutte contre le blanchiment et de renseignement financier, Tracfin, surveille les mouvements de fonds sur les comptes de Ben Ali et ses proches. François Baroin, le ministre du Budget, s'est dit "informé" de "mouvements suspects", sans toutefois évoquer d'évasion massive de fonds.
Tracfin peut bloquer, administrativement, pendant 48h une opération qui lui semblerait suspecte. Après ce délai, le dossier doit être transmis à la justice.
La traque des avoirs de Ben Ali ne fait donc que commencer. Leur recensement exhaustif sera la première étape de l'enquête. Il restera ensuite à prouver que cette fortune ne peut venir des simples émoluments des intéressés. Une démonstration qu'il est parfois difficile de réaliser. A Transparency international, on avait bon espoir ce jeudi matin d'une issue favorable. "Les intérêts politiques ne devraient pas entraver l'enquête, contrairement aux "biens mal acquis" africains à Paris", disait-on ce matin à l'ONG, alors que la France a "lâché" Ben Ali ces derniers jours.
Source : L'Express