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Des expatriés de France contre la suppression du ministère des Sénégalais de l’extérieur

PARIS (France). « C’est un Manque de considération pour la diaspora ». Ce propos de Samba Kandji, militant associatif en France, donne le ton général des avis de personnes interrogées se réclamant de la société civile. « C’est une suppression assez surprenante si l’on mesure l’impact financier et humain de la diaspora dans l’économie sénégalaise », analyse Alboury Ndiaye, professeur de Sociologie à l’Université de Besançon. En 2010, les Sénégalais de la diaspora, membre de l’Apr, avaient souhaité que Macky Sall, une fois au pouvoir, puisse faire de la diaspora la quinzième région du Sénégal. « Pour ces deux raisons, je ne comprends pas la décision. Même si je peux comprendre que le ministère des Sénégalais de l’extérieur soit rattaché à celui des Affaires étrangères », ajoute-t-il. Doudou Sidibé, enseignant en relation internationale déplore le manque de « contenu clair de ce ministère ». « Il y a un manque d’organisation crédible pour être un relais entre le ministère et la diaspora, il y a toujours eu un souci de profil, un casting », dit-il.

Un avis qui n’est pas partagé par Bousso Sarr. « En terme d’économie, cette suppression ne m’a pas choquée. Nous sommes dans une logique de réduire les dépenses de l’Etat. Ce qui me paraît le plus nécessaire c’est d’avoir des représentants à l’Assemblée nationale parce que c’est là qu’est défendu nos droits et c’est le lieu de la représentation du peuple », dit-il.

 Retour des enfants de la diaspora

Mais l’abandon du projet de faire de la diaspora une entité virtuelle, en 15e région est un mauvais signal, estiment certains. « Quand un chef d’Etat décide de supprimer un ministère, il en connaît les raisons, explique Papa Chimère Diop, ancien conseiller de l’Honorable Gerry Weiner alors ministre fédéral de l’immigration et de la citoyenneté du Quebec. Ce chef d’entreprise qui passe désormais son temps entre Paris et Québec pense qu’en tant que « membre de la diaspora, le regard qu’il porte sur la politique est défini par ce que cette politique fait vers les Sénégalais de l’extérieur ». C’est à ce titre que Papa Chimère Diop déplore l’absence de ce ministre mais attend de savoir l’organisation mise en place pour reprendre le flambeau et répondre aux aspirations de la Diaspora ».

Certains soulignent que la diaspora est devenue un terrain où s’affronte des egos politiques. « Elle est le terrain de jeu des partis politiques et des pseudos experts de la diaspora », regrette Alboury Ndiaye. Cela parasite la résolution des problèmes de fond comme le service dans les consulats, la sécurité des ressortissants sénégalais, le nombre de morts brutales de Sénégalais à l’étranger qui s’est accru récemment. « A chaque fois, nous sommes obligés de faire des quêtes. Il y a la prise en compte des propositions des Sénégalais de l’extérieur, nous ne sommes pas assez organisés faute de structures sérieuses et pertinentes ».   Chimère Diop attend de l’Etat une protection pour que ce genre de chose n’arrive pas. Doudou Sidibé pointe le manque de sécurisation de l’investissement de la diaspora et la renégociation des conventions de retraite, Chimère Diop parle de mise en place de politiques pour un retour de l’investissement de la diaspora comme des exemptions fiscales pour embaucher et créer des emplois. Des opportunités qui seraient la première étape pour un retour des enfants de la diaspora, souhaité par Bousso Sarr. « C’est important pour nous les bi nationaux, nous faisons partie intégrante de la diaspora », explique-t-elle. L’essentiel, pour reprendre Samba Kandji, serait de faire de telle sorte d’avoir des projets porteurs qui, au delà de l’envoi d’argent, puisse montrer le poids réel non pas de la diaspora mais des diasporas sénégalaises à travers le monde. 

De notre correspondant Moussa DIOP

20.09.2013
 
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