Il est des cancers généralisés dont la seule issue, quoi que l'on veuille et quoi que l'on fasse, est la mort...
Eliahou Abel
Je ne suis pas enclin au conspirationisme, ou plutôt, je ne l'étais pas jusqu'à quelques mois en arrière, lorsque la crise ivoirienne est entrée dans sa phase critique. N'étant ni Ivoirien ni Africain moi-même –si ce n'est très indirectement, par les origines guadeloupéennes de ma mère –, je suivais alors les événements d'assez loin, sans trop en comprendre les enjeux véritables. A propos des sanglants affrontements de novembre 2004, j'avais simplement écrit qu'ils venaient "sanctionner des décennies d'une politique africaine postcoloniale placée sous le signe de l'astuce et du secret, fertile en prévisibles ratages"...
Là où j'avais encore la candeur de croire à la maladresse des autorités françaises, m'apparaît aujourd'hui le spectre de leur froide détermination à persévérer dans le mal et la dimension proprement faustienne de leur désir et de leur pouvoir de nuisance.
Quiconque, épris de justice et de vérité, veut connaître les tenants et aboutissants de la crise ivoirienne, peut avoir accès à une foule d'informations terrifiantes en soi, et plus encore par leur concordance. Quiconque, une fois informé, désire rompre avec la lénifiante neutralité ambiante sur fond de poncifs du genre "personne n'est parfait", "les torts sont partagés", "l'histoire jugera", parce qu'il a compris que nous sommes en guerre, et que face à cet ennemi-là, l'heure n'est plus aux procès intentés à la résistance; quiconque, pour toutes ces raisons, et parce qu'il tient à rester digne de son titre d'appartenance au genre humain, décide de renoncer à la lâcheté du plus grand nombre pour renouer avec le simple courage, en ne taisant plus ce qu'il a découvert; celui-là, notre frère, ne craindra pas de passer pour un niais aux yeux de tout ce que notre société occidentale compte de beaux esprits érudits en savoir, virtuoses en raisonnement et soucieux moins du bien-fondé de leurs sources que de la bienséance de leur positionnement.
Au cœur de la crise ivoirienne actuelle se tapit le diamant noir d'un mensonge tellement énorme que force nous est d'admettre ce qui, de soupçon, s'est transformé en certitude : les décideurs politiques de la "communauté internationale", États-Unis et France en tête, suivis de près par l'Angleterre et la direction de l'ONU, se comportent en héritiers directs du "docteur" Goebbels, grand ordonnateur de la propagande nazie. On me rétorquera : à l'antisémitisme près ? Rien n'est moins sûr, j'y reviendrai.
Ce diamant noir, dissimulé parmi les milliers de tonnes de charbon informatif destiné à alimenter les gigantesques chaudières de la désinformation supranationale, seule une infime minorité des délégués à L'ONU auxquels fut extorqué le vote scélérat de la résolution 1975 en ont eu connaissance.
En polarisant le débat sur les fraudes massives ayant entaché le scrutin du 28 novembre dernier, on a laissé le champ libre aux manœuvres dilatoires de Choi et consorts, retranchés derrière le mythe d'une symétrie des fraudes dans les deux camps pour refuser le principe du recomptage des voix.
Or c'est en amont de ce déni de justice –certes révoltant– que se situe le mensonge le plus effarant : celui de la falsification du chiffre du taux de participation au second tour des élections. Entre le moment où les résultats ont été connus, et celui où la commission électorale indépendante, en violation du droit ivoirien –seize heures après l'expiration du délai légal– a proclamé les résultats depuis l'hôtel du Golf, QG d'Alassane Ouattara, le taux de participation des électeurs ivoiriens est passé de 70,56 à 81,06 pour cents; par le biais de cette grossière manipulation, Sarkozy, Obama, Choi et Ouattara ont mathématiquement obtenu un bond du nombre de votants de 3 982 718 (trois millions neuf cent quatre-vingt deux mille sept cent dix-huit) à 4 590 219 (quatre millions cinq cent quatre-vingt dix mille deux cent dix-neuf).
Ces 607 601 (six-cent sept mille six cent un) votants virtuels ont été simplement reportés sur le compte de Ouattara. Résultat : là où SEM Laurent Gbagbo et ADO avaient respectivement obtenu 52,9 et 47,09 pour cent des voix (soit 1 875 563 et 2 107 055), tous les complices de cette farce grotesque aux conséquences incalculablement tragiques ont pu, la main sur le cœur, leur attribuer les chiffres inversés de 54,10 et 45,90 pour cent (soit 2 483 164).
Le plus stupéfiant, c'est que jamais, depuis son enregistrement officiel à l'issue des élections, le taux de participation de 70,56 pour cent (1) n'a été remis en question, ni dans les médias, ni dans les sphères du pouvoir. C'est ce que n'a cessé de répéter Maître Jacques Vergès, à l'attention d'un Tout-Paris atteint de surdité chronique. Le seul à avoir osé mentir sur ce point est l'ambassadeur des États-Unis Philip Carter III.
De la mise au jour de cet hallucinant truquage –dont la monstruosité tient précisément à ce qu'il a été conçu et réalisé pour crédibiliser aux yeux de leurs électorats l'attachement des maîtres du monde à la démocratie–, quelles conclusions tirer ?
-D'abord, chaque fois qu'un dirigeant occidental ouvre la bouche –surtout pour se fait le chantre des plus hautes valeurs–, il ne l'ouvre que pour mentir (cela n'est pas un scoop, on s'en doutait déjà). Cela vaut notamment pour Sarkozy, avec ses sergents Fillon, Juppé et Longuet, et pour Obama, avec son âme damnée Hillary Clinton.
-Ensuite, le cas ivoirien est devenu le paradigme d'un combat aux enjeux planétaires : combat du mensonge, érigé en un système verrouillé d'une efficacité redoutable, contre la vérité; vérité d'évidences "naïves", qu'une fois balayée l'arrogance des puissants par l'ampleur des destructions auxquelles eux-mêmes se destinent, tous identifieront comme natives, universellement.
–Pour finir, une question: la démocratie elle-même, gangrenée jusqu'à la moelle par les ténébreuses machinations auxquelles elle a généreusement offert la possibilité de se ramifier à l'infini, ne vient-elle pas, en Côte d'Ivoire, de faire la preuve de ses limites ? Cette "démocratie" qui permet à un tyran sanguinaire et aux très "honorables" crapules qui le téléguident de se draper dans le manteau de la respectabilité internationale, en imputant à des innocents l'horreur de leurs propres crimes...
En d'autres termes, à force de se pervertir, la démocratie n'a-t-elle pas fini par se confondre avec sa perversion ?
Il est des cancers généralisés dont la seule issue, quoi que l'on veuille et quoi que l'on fasse, est la mort.
Eliahou Abel
(1) http://politiqueafricaine.centerblog.net/12-cote-ivoire-wikileaks-sur-le-taux-de-participation
Source : Cameroonvoice