ABIDJAN – Une vingtaine de chars français accompagnant plusieurs légionnaires français ont investis lundi dès 8 heures (GMT et heure locale) la résidence du Chef de l'Etat Laurent Gbagbo où ils combattaient directement contre les militaires de l'armée ivoirienne a indiqué à Directscoop une source proche du président ivoirien. Les combats se poursuivaient encore entre les légionnaires français et les soldats ivoiriens en fin de matinée a précisé la même source.
C'est la première fois que les militaires français entrent en action sur le terrain et combattent contre les militaires ivoiriens. « Les rebelles ont échoué. Les soldats français veulent donc prendre le relais. Au-delà d'une ingérence et d'une violation de souveraineté, c'est un coup d'Etat doublé d'une tentative d'assassinat contre le président Gbagbo », s'est offusqué un diplomate encore présent en Côte d'Ivoire, joint par téléphone.
Dimanche, plusieurs sites stratégiques dont la résidence du Président ivoirien ont été les cibles de tirs provenant d'hélicoptères de l'armée française. Des témoins avaient affirmé avoir aperçu des « avions marqués du drapeau français » pilonner la résidence du Président à Cocody. La base navale de Locodjro, dans la commune populaire de Yopougon, aurait elle aussi reçu des missiles d'hélicoptère de la Licorne (force française).
Ces frappes étaient signalées alors que le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, le sud-coréen Young Jin Choï laissait entendre en milieu d'après-midi sur la chaîne française I-télé qu'ils allaient « agir», prenant prétexte de « l'attaque du QG de Ouattara ».
Les attaques de dimanche et l'action sur le terrain lundi des légionnaires français interviennent alors que l'action de la France en Côte d'Ivoire suscite des interrogations et des critiques quant à son soutien à l'opposant Alassane Ouattara.
Le Porte-parole du Parti Socialiste français a estimé dimanche qu'il fallait « clarifier » le rôle de la Licorne en Côte d'Ivoire, craignant que «les forces françaises soient engagées aux côtés d'un acteur qui aurait perpétré (des) massacres ».
Plusieurs autres partis politiques français – Front national en tête – avaient déjà condamné les 1ers bombardements des forces françaises. Ils avaient même exigé le départ « immédiat » des forces françaises de côte d'Ivoire.
La Russie s'était quant à elle interrogée sur « la légalité » de l'intervention de l'aviation française et avait exigé «L'évaluation des bombardements ».
Aux Etats-Unis, les sénateurs démocrates Jim Inhofe et John Kerry, ont exprimé publiquement leurs doutes quant à la légitimité de Ouattara. « Les États-Unis, pensent-ils, doivent changer leur position en Côte d'Ivoire » et arrêter de cautionner « les massacres » perpétrés par les forces de Ouattara et leurs alliés.
Plus de 2000 personnes (civils et militaires) ont été tuées dans la nuit du 4 au 5 avril, lors des premiers bombardements par l'aviation de sites stratégiques de la capitale dont la résidence présidentielle où s'était rassemblé près d'un millier de civils.
Dans plusieurs localités de l'intérieur du pays, des massacres s'apparentant à « un génocide des populations jugées proches du Président Gbagbo » et perpétrées fin mars par les forces de Ouattara, ont été révélés par différentes organisations internationales (Croix rouge, Caritas, ONU, Human Wraght).
La France qui soutient Ouattara, proche de Sarkozy, tente de l'imposer en dépit de sa défaite constatée par le conseil constitutionnel ivoirien, plus haute juridiction chargée de proclamer les résultats définitifs des présidentielles ivoiriennes.
Source : directscoop