1 Corinthiens 13,1-13

Il y a tellement d'hommes et de femmes dans ce monde que en choisir un ou une seule et décider de vivre avec, relève d'un parcours de combattant.  En fait, il ne faut pas se tromper de choix.  Aussi, sachant que nous sommes d'une culture judéo-chrétienne, on se marie pour le meilleur et pour le pire.

Les hommes ont peur de s'engager dit-on, et les femmes rêvent de l'amour.  Et la crise aidant, certains veulent vivre leur vie en solo, on est moins dérangé, on garde sa liberté, ... on reste solitaire !  D'autres ne savent plus comment partager et pourquoi ...

Il est difficile de faire notre choix tout comme il est difficile de cerner la définition de l'amour auquel nous adhérons :

•-          aimer les gâteaux,

•-          aimer les femmes,

•-          aimer sa femme,

•-          aimer courir,

•-          aimer les autres

•-          aimer lire,

L'amour nous relie aux autres et au monde.  Mais il ne faut pas confondre Aimer et aimer ; Amour et amour. 

Dieu nous Aime.  Personne ne peut me dire pourquoi.  Qu'a-t-il fait pour être « Aimé de Dieu » ?

Dans son ouvrage,  L'intelligence du cœur  Isabelle FILLIOZAT (psychologue -psychanalyste française) nous propose une définition de l'Amour :

« L'amour est une sollicitude active pour la vie et la croissance de qui nous aimons.  Là où manque ce souci actif, il n'y a pas d'amour.  Ce qui signifie qu'au moment où l'on blesse, on humilie, on trahit une personne, on ne l'aime pas ».  Page 213

L'amour naît, se cultive, se nourrit, se développe.  L'amour entraîne la responsabilité.  Comme le renard l'explique au petit prince, apprivoiser, c'est créer des liens, et « tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé »  [le petit prince, Antoine de Saint Exupery, gallimard, col. Follio Junior, p. 75]

Aimer c'est :

•-          répondre de la relation : plus concrètement, être attentif aux besoins psychiques de l'autre.  Non pas les prendre en charge, mais les écouter et leur donner réponse.

•-          Faire attention à notre façon de traiter l'autre.  La communication et l'écoute mutuelle sont des conditions nécessaires à l'éclosion et surtout à l'entretien d'un amour authentique.

Enfin, aimer c'est :

S'ouvrir à la réalité de l'autre, tel qu'il est, sans chercher à le rendre conforme à nos attentes, c'est l'encourager dans sa voie, même si elle n'est pas la nôtre, tout en respectant et exprimant nos besoins propres, bien entendu.

Nous pouvons comprendre pourquoi l'apôtre nous décrit plusieurs actes que les gens peuvent posés, héroïques soient-ils, mais qui sont vides d'amour véritable.

L'apôtre Paul nous dit :

1.  Ce que l'amour est : 

•-          patient, et

•-          plein de bonté,

•-          il pardonne tout,

•-          il fait confiance

•-          il espère

•-          il persévère

•-          la vérité le réjouit

2. Ce qu'il n'est pas :

     -    envieux,

     -    ne  s'enfle pas d'orgueil

     -    ne fait rien d'inconvenant

     -    ne cherche pas son propre intérêt

     -    ne s'aigrit pas contre les autres

     -    ne trame pas le mal

     -    l'injustice l'attriste

Seul l'amour est le garant d'une relation stable et durable.  Or, pour qu'une relation s'inscrive dans la durée sans se scléroser mais en continuant d'être un lieu d'épanouissement mutuel et une source rafraîchissante pour les deux partenaires, il lui faut rester : saine, fluide et tout à la fois solide et souple.  En fait, comme pour le roseau, sa souplesse fait sa solidité [Isabelle FILLIOZAT p. 217].

Notre société a besoin de refonder la famille.  L'action devrait passer par la protection des familles monoparentales et valoriser la notion du couple qui est à la base de la famille.

Je voudrais insister sur le fait de porter attention à l'autre : à ce qu'il est, ce qu'il veut , ce qu'il attend, ce qu'il ressent, ...

Je ne sais pas si vous connaissez ce texte de la Bible qui dit : « gardes ton conjoint plus que tout autre chose que tu gardes.  Car c'est de lui que découlent les sources de la vie. »  J'ai remplacé le mot cœur par conjoint.  Et dans notre langage, nous avons l'habitude de l'appeler « mon cœur, mon amour, mon étoile, ... »

Je voudrais terminer par un constat fait dans un restaurant.  Deux couples s'y retrouvent.  Le premier s'ennuyait tellement à la maison qu'ils ont décidé de sortir.  Ils sont là, devant leurs plats qu'ils dégustent.  Ils regardent autour d'eux, à peine ils se regardent, mais continuent à manger.  Et c'est le moment du dessert qu'ils prennent avec appétit.  Ils sont vraiment là pour manger !  Ils ne le pouvaient pas chez eux ?  Mais dommage, le repas était vite servi et vite consommé qu'ils sont obligés de repartir.

Le deuxième couple arrive.  Ils observent la salle et choisissent un coin réservant une certaine intimité.  Ils prennent leur temps pour regarder la carte.  Ils le font à deux.  Ils se demandent mutuellement ce qu'ils vont commander.  Qu'est ce qui te plaît ce soir « mon cœur ».  Ils se regardent dans les yeux, ils rigolent.  ... « chéri (e), je suis ravi que tu m'aie proposé ce repas » ; « mon bonheur c'est de me retrouver seul à seul avec toi » répond l'interlocuteur.  On a l'impression qu'ils sont tout seuls dans le restaurant.  Leur apéritif est dégusté en se fixant les yeux dans les yeux ...  Ils prennent leur temps.  Ils mangent. Ils discutent ; ils n'arrêtent pas ... ils parlent plus qu'ils n'avalent ... ils discutent plus qu'ils ne mangent ... ils se regardent, il lui tend sa main gauche, elle approche doucement la sienne et ...  les autres tables les regardent et disent : que c'est beau !

En somme 3 choses demeurent : la foi, l'espérance et l'amour.  Mais la plus grande d'entre elles, c'est l'amour.

Pasteur Emmanuel BUJIRIRI BABUNGA