Photo: AFP/Andrew Cowie ----- Un commissariat de police éventré, un bus à impériale réduit à une carcasse fumante, des magasins d'électronique et de sports saccagés, des bâtiments rasés par les flammes: le quartier londonien de Tottenham, théâtre d'émeutes ce week-end, ressemble à un champ de bataille. «On dirait que c'est la Seconde Guerre mondiale, qu'il y a eu un bombardement !», résume un habitant, Stuart Radose, dont l'immeuble a été incendié. De plusieurs commerces et habitations de High Road, la rue principale de ce quartier multiethnique, il ne reste plus que les murs en briques rouges désormais noircies. Des pompiers armés de lances à eau s'activaient encore pour éteindre quelques incendies, dimanche à la mi-journée, plusieurs heures après le retour au calme. Des dizaines de briques et de nombreux éclats de verre jonchent le sol de rues désormais bouclées par la police, théâtre dans la nuit de samedi à dimanche des pires violences que Londres ait connues depuis plusieurs années. Des véhicules incendiés entravent la chaussée, encombrée de poubelles renversées et en partie brûlées. Colère ou compréhension «Je suis tellement en colère, je ne peux pas y croire», lance une habitante, Nadine Knight, 24 ans. «Pourquoi ont-ils fait ça ? Les gens ne réfléchissent pas. C'est stupide» ce qu'ils ont fait, enchaîne Christian Macani, 22 ans. «Ils ne vont arriver à rien» en agissant ainsi, assure-t-il. D'autres résidents sont plus compréhensifs, affirmant ne pas être surpris par ces émeutes qui ont éclaté après la mort jeudi dans ce même quartier d'un jeune homme, tué par la police. «Je peux comprendre qu'ils soient en colère. En plus (de la mort du jeune homme), il y a du chômage et des coupes dans les allocations, donc tout ça fait que la coupe est pleine», explique Norman McKenzie, un agent de sécurité de 37 ans. «Les gens ne sont pas contents. Je pense que le système est en train de craquer. Il est temps que les gens se lèvent et fassent quelque chose», enchaîne une jeune femme d'origine africaine, interrogée par l'AFP. Scènes de pillages En ce dimanche, les curieux se pressent derrière les cordons de police pour prendre des photos de scènes de pillage. Des mannequins désarticulés sont éparpillés devant un magasin de sport. Des cartons qui contenaient des écrans plats sont éventrés sur le trottoir, des chariots renversés sur la chaussée, le mobilier métallique du commissariat en partie mangé par les flammes. Une policière monte la garde devant une banque aux vitres épaisses et désormais étoilées après les violences de la nuit. L'alarme d'un magasin continue à sonner, mais son bruit strident est couvert par les hélicoptères qui survolent le quartier encore fumant. Source : 20 Minutes