AFP - "On se prépare à tout". A côté de son bureau, au 3e Régiment d'infanterie de Marine de Vannes, le capitaine Alexandre Thellier a, comme tous ses hommes, son paquetage prêt et son téléphone sous la main: ils sont prêts à partir dans le cadre du dispositif d'alerte permanente Guépard avec le Mali en tête.
"En douze heures, nous pouvons quitter le régiment avec tout notre matériel", explique le capitaine Thellier, commandant de la 2e compagnie.
En attendant, la vie des Marsouins continue normalement mais tous ont leur téléphone portable à proximité et personne ne doit s'éloigner à plus d'une heure du régiment. Et c'est ainsi depuis le 14 janvier quand la 2e compagnie, dite "Les Chameaux", est passée en alerte Guépard.
Dans un hangar, les véhicules, principalement des véhicules de l'avant blindé (VAB) de 14 tonnes chacun, sont prêts eux aussi. "Nous avons plus de 20 VAB, en tout une trentaine de véhicules", explique l'adjudant-chef Pascal Flécheux (technique et logistique). Outre les véhicules, ce sera 30m3 d'équipement qui les suivra, le tout "colisé" et déjà pesé pour faciliter leur embarquement.
Mais tous les hommes de la 2e compagnie n'ont pas été intégrés au Guépard et certains ont dû être remplacés par ceux d'autres compagnies, notamment si leurs contrats se finissaient avant les six prochains mois car personne ne connaît la durée de leur mission. Actuellement, au 3e RIMa, 192 militaires sont inclus dans le dispositif et "ça demande une grande préparation en amont", explique le commandant.
Le Guépard prévoit ainsi une rotation entre les différents régiments français afin d'avoir en permanence une unité prête à intervenir rapidement sur les différents terrains d'opération.
Pour l'opération Serval au Mali, "on a fait parvenir, entre autres, dans un délai de trois semaines autant de matériel que nous avions mis un an à faire revenir d'Afghanistan", rappelait la semaine dernière le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian au 3e RIMa de Vannes, saluant cette "performance remarquable".
"Le Mali est dans l'esprit de tout le monde"
"Le Mali est dans l'esprit de tout le monde, tout le monde espère que ce sera son tour", note le capitaine Thellier, même si le 22 février la compagnie sortira du dispositif Guépard. Mais d'ici là "on se prépare à tout", assure-t-il. Dans leurs sacs, les marsouins ont des vêtements pour aller en pays chaud ou froid. Car ils peuvent être mobilisés sur n'importe quel point du globe... voire en France pour le plan Vigipirate.
Une "chaîne d'alerte téléphonique" donnera le coup d'envoi d'une éventuelle mobilisation et chaque week-end un exercice est organisé pour tester la réactivité des marsouins: ceux qui ne reviennent pas au régiment en une heure peuvent s'attendre à des sanctions.
"Il ne faut pas prévoir de rendez-vous majeur au niveau familial, certaines vacances sont annulées, mais les familles sont habituées", note l'adjudant-chef.
La date de fin d'alerte du Guépard approche mais "ce n'est pas fini, on ne sait jamais", espère le caporal-chef Julien Veslin, de la 2e section de la 2e compagnie. "Le Mali ce serait bien quand même", explique-t-il.
Pendant cette période d'attente, il faut sans cesse remotiver les troupes, continuer à s'entraîner, mais aussi profiter de l'opportunité du Guépard pour se former, que ce soit sur la géopolitique du Mali ou sur le matériel qui est à disposition, dont un modèle de VAB récent sur lequel peuvent être formées les nouvelles recrues.
"Il y a beaucoup de choses à assimiler" et "on profite du Guépard pour faire de l'instruction", note le caporal-chef.
Si tous n'ont d'yeux actuellement que pour le Mali, plus les jours avancent plus l'espoir s'amenuise. "Le pire c'est quand vous avez tout colisé... et de ne pas partir", relève l'adjudant-chef Flécheux.