CREILLOIS Les minorités visibles veulent du pouvoir Mercredi 12 Novembre 2008 Porté par la vague Obama, Emmanuel Okou espère rassembler autour de lui des têtes de listes aux prochaines Européennes de juin 2009. Inspiré par la victoire d'Obama aux présidentielles américaines, leur leader souhaite présenter des candidats aux prochaines Européennes pour montrer qu'ici aussi, la victoire est possible. Et voilà qu'Emmanuel Okou reprend son bâton de pèlerin ! Passée la campagne municipale, le virevoltant président des Minorités visibles de Creil et de Nogent-sur-Oise (environ 250 adhérents dans l'Oise) se voit de nouveau pousser des ailes pour s'attaquer, cette fois, aux élections européennes du 7 juin 2009. Galvanisé par la victoire « historique » de Barack Obama aux élections présidentielles américaines, il veut aujourd'hui croire au « tout possible », pour que, dans l'Oise, les « bonnes volontés » issues de « l'immigration et de la diversité » accèdent enfin, elles aussi, aux leviers du pouvoir. « Des barrières viennent de tomber, se réjouit-il. C'est un signal fort envoyé à la France, où la communauté africaine est importante. Les Minorités visibles de l'Oise doivent prendre le même chemin. La voie est ouverte. Désormais, aucune élection ne pourra se faire sans nous. » « Ce sont toujours les mêmes aux commandes » Éternel passionné, Emmanuel Okou compte bien battre le fer tant qu'il est chaud : « La vague Obama doit désormais s'ancrer dans une réalité », insiste-t-il. D'autant plus que lundi, le président du Conseil représentatif des organisations noires (CRAN), Patrick Lozès, reçu à Paris, au cabinet de Nicolas Sarkozy, a demandé à ce « que les élections européennes de 2009 et les élections régionales de 2010 ne restent pas des élections monocolores avec des listes monocolores ». Voilà qui conforte le président des Minorités visibles dans sa course au Parlement européen. À l'instar de Rachida Dati, Rama Yade ou autres Fadela Amara, il ne cache pas son ambition d'accéder désormais aux « postes clés » de l'administration qui, jusque-là, demeuraient inaccessibles aux populations issues de l'immigration : « Nous ne voulons plus être en fin de liste. Ce sont toujours les mêmes aux commandes, il faut changer les mentalités. Il y a parmi les minorités visibles des gens parfaitement capables. » Emmanuel Okou conduira donc une liste aux prochaines Européennes, mais aussi aux prochaines régionales de 2010. D'autres pourraient le suivre, annonce-t-il. « On s'adresse à tout le monde, pas seulement aux gens de gauche. Ce combat ne concerne pas seulement les minorités visibles, mais tous ceux qui adhèrent à l'idée d'un tel changement. » Selon lui, une quarantaine de candidats potentiels auraient déjà été sollicités. Parmi eux, l'adjoint de Nogent-sur-Oise, Djamel Benkherouf : « J'ai cru que ces élections se passaient en Afrique, rétorque-t-il. J'ai beaucoup de respect pour lui. C'est un combat qu'il mène à cœur, mais le résultat qu'il espère ne viendra jamais. L'échiquier politique n'est pas encore prêt. La preuve : le bilan aux dernières municipales est un échec. Sur 36 000 communes en France, pas un seul maire n'est issu de l'immigration ou de la diversité. » Mais il en faudra probablement davantage pour décourager celui que l'on surnomme, à l'occasion, le « JR de Bamako ». FRANCK BRENNER