Au lendemain de l’indépendance, le Bénin connaît une histoire politique mouvementée. Les douze premières années sont marquées par une instabilité chronique. les anciennes élites coloniales, pour la plupart originaires du Sud, se disputant le pouvoir.
En 1963, l’armée force Hubert Maga, premier président du Dahomey indépendant, à démissionner ; quatre coups d’État sont perpétrés durant les six années qui suivent. En 1970, un Conseil présidentiel de trois membres prend le pouvoir, suspend la Constitution et ses membres assument alternativement la présidence. |
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En 1972, le commandant Mathieu Kérékou, un homme du Nord, destitue le Conseil présidentiel et devient le chef d’un État auquel il donne une orientation marxiste-léniniste.
En 1975, pour réduire le poids politique du Sud, le nom de Dahomey est symboliquement abandonné pour celui de Bénin, du nom du royaume qui s’était autrefois épanoui au Nigeria voisin. De même, Kérékou interdit le vaudou, la religion traditionnelle bien implantée dans le Sud. Une nouvelle Constitution, instaurant un régime à parti unique, est promulguée en 1977. La même année, une tentative de coup d’État appuyée par des mercenaires échoue et durcit davantage le régime. Les trois anciens présidents, emprisonnés en 1972, sont libérés en 1981.
Élu président par l’Assemblée nationale révolutionnaire en 1980, réélu en 1984, Mathieu Kérékou échappe à trois tentatives de coup d’État en 1988. Durant les années 1980, la situation économique du Bénin ne cesse de se dégrader, tandis que se durcit la répression antidémocratique. En 1987, un plan du FMI impose des mesures drastiques : prélèvement supplémentaire de 10 p. 100 sur les salaires, gel des embauches, mises en retraites forcées.
Un nouvel accord avec le FMI, en 1989, sur un programme d’ajustements des structures économiques, provoque une grève massive des étudiants et des fonctionnaires, réclamant le paiement des salaires et des bourses. Les troubles sociaux et politiques conduisent Mathieu Kérékou à renoncer à l’idéologie marxiste-léniniste et à accepter l’instauration d’une Conférence nationale, réunissant les représentants des différents mouvements politiques.
Un gouvernement de transition, mis en place en 1990, ouvre la voie au retour de la démocratie et du multipartisme. Le Premier ministre, Nicéphore Soglo, bat Kérékou à l’élection présidentielle de mars 1991. Il rétablit le vaudou pour se concilier les pouvoirs traditionnels et fait du 10 janvier de chaque année la Journée nationale du vaudou. Cependant les ajustements structurels et la compression des dépenses publiques recommandées par le FMI ravivent le mécontentement. |
Après avoir perdu sa majorité au sein de l’Assemblée législative, le président SOGLO, accusé de népotisme par ses adversaires, est battu par Mathieu Kérékou à la présidentielle du 17 mars 1996. Le Bénin, qui a su, en 1990, donner l’exemple du retour pacifique au multipartisme, manie aussi les alternances politiques. Les élections législatives de mars 1999 en témoignent, donnant à une voix de majorité la victoire à la Renaissance du Bénin (RB), le mouvement de l’opposition dirigé par Rosine SOGLO, épouse de l’ancien président.
En mars 2001, Mathieu Kérékou est réélu président de la République avec 84,06 % des voix. Arrivé en tête du premier tour, face à son prédécesseur Nicéphore SOGLO, il est confronté au désistement de ce dernier ainsi qu’à celui des deux candidats suivants, qui qualifient le scrutin de « mascarade ». Son second mandat est marqué par une croissance économique stable (avec un taux de croissance de 5 % par an en moyenne de 1999 à 2003).
Toutefois, cette croissance est compensée par l’accroissement rapide de la population. En outre, elle ne se traduit pas par une amélioration significative des conditions de vie des Béninois. La pauvreté et l’économie informelle restent largement répandues, de même que la corruption. Sur le plan politique, cependant, le pays s’enracine dans la démocratie. À l’expiration de son mandat, en 2006, Mathieu Kérékou accepte de quitter le pouvoir conformément à la Constitution (qui limite à 70 ans l’âge auquel il est possible d’accéder à la présidence et à deux le nombre de mandats présidentiels successifs).
YAYI Boni, candidat indépendant et éloigné du sérail politique, lui succède après avoir remporté le second tour du scrutin présidentiel de mars 2005 avec 74,5 % des suffrages face au favori Adrien Houngbédji, vétéran de la classe politique béninoise. Cette élection, qui se caractérise par un taux de participation important (plus de 70 %), illustre la volonté de changement de l’électorat béninois.