Vamara avait la quarantaine, il vivait à Grodara (Burkina) depuis son retour d’exil. Il avait vécu presque 15 ans au Gabon, malheureusement le fils du chef de village était revenu quelque peu dérangé. Il avait été atteint de démence mais pas du tout violent. Il passait ses journées au bord du goudron devant la boutique de son jeune frère qui était l’un des plus fortunés du village. En son temps c’est Vamara qui avait contribué à la prospérité de nombreux ressortissants de Grodara.
En effet, à Libreville il avait fait fortune dans l’entreprenariat du BTP. C’est donc depuis 1 an que Vamara avait regagné le bercail, il suivait des traitements. D’ailleurs, la plupart des habitants étaient affectés par cette maladie de Vamara qui avait aidé presque tout le village. Vamara était accompagné par sa jeune épouse qui, très vite, s’est adaptée à la vie de Grodara. Elle était plutôt native de Bobo-Dioulasso et ne connaissait pas bien Grodara.
Désormais, le couple vivait au village espérant chaque jour retourné à Libreville rejoindre leurs affaires. Mais les médecins et autres tradi-thérapeutes qui suivaient Vamara étaient unanimes sur l’aggravation de son état, malgré qu’il ne soit pas violent. Dans cette situation de drame familiale, le jeune marabout du village débarqué depuis quelques mois convoitait la femme de Vamara et celui-ci le savait. C’est donc la semaine passée que Vamara avait décidé de prendre ses responsabilités. Il était presque 19h00 à l’heure de la prière du soir, Vamara vêtu d’un grand boubou débarque à la mosquée avec un coupe-coupe achetée pour la cause. Il s’engouffre aussitôt dans la mosquée à travers la petite porte de l’arrière promenant son regard à travers la petite foule dans la mosquée. Tout en sueur il murmurait, en tout cas rien que le regard, on avait compris toute la détermination de l’expatrié. Il s’écria : "Où est-il ? Plus jamais il ne cherchera ma femme".
Dans cette ambiance surchauffée, Bamory le doyen du groupe prend son courage à deux mains et essaie de s’approcher de Vamara en ces termes : "Mon fils, peux-tu m’expliquer ce qui se passe… ?". Vamara rétorque : "Il n’y a rien à expliquer, vous êtes tous au courant de ce qui se passe, cet imbécile cherche ma femme et vous le savez…". Il fonce aussitôt sur Bamory en ordonnant à tous d’être à plat ventre. Mais, un moment toute la petite foule s’est mise à plat, Vamara aperçoit à travers la fenêtre une silhouette blanche qui rentrait, c’était le marabout qui arrivait à toute allure, il était en retard et voulait rattraper la prière. A peine qu’il ait mis le pied dans la mosquée, il reconnaît Vamara sautant les rangées en sa direction. Le marabout avait tout compris surtout que le coupe-coupe brillait de toute sa clarté, il était neuf. Alors s’engage dans les ruelles une course poursuite entre les deux hommes.
Aux environs de 20h00 après que la nouvelle soit répandue telle une traînée de poudre, on aperçoit Vamara venir depuis la route de Sikasso. Aussitôt arrivé chez lui, il s’engouffre dans sa chambre et rassure sa famille de sa lucidité. Depuis l’incident, le marabout n’a plus été aperçu dans le village. Des témoignages attestent l’avoir vu à Sikasso, d’autres à Banfora, mais aussi Bobo.
En tout cas, le propriétaire a libéré sa maison et fait déposer les bagages du marabout chez le chef de village qui se trouve être le père de Vamara. Alors, on se demande comment le marabout va récupérer ses bagages.
