Post view

Une élection à "haut risque" au Bénin

 

Nous y sommes. . . !

La saison électorale va occuper au Bénin notre vie de tous les jours au cours des semaines à venir. C’est sûr : l’administration tournera au ralenti. Qu’on ne demande pas à qui ne sait pas organiser le service minimum en temps de grève d’être patriotiquement disponible et civiquement performante par temps d’élection. L’école, à travers tous les ordres d’enseignement, prend sa part à la saison électorale. La politique s’invite dans le supérieur notamment.

Tous les candidats rêvent d’aller pêcher dans ce bassin électoral. S’y trouvent  concentrés les cadres de demain. Qui joue la carte de la jeunesse, fait une option sur l’avenir. Et puis un jeune étudiant gagné à sa cause, c’est potentiellement un grand électeur qui répondra du vote de dizaines de parents ou d’amis électeurs.


Combien de maîtres seront-ils  régulièrement à leur poste de travail ? Combien honoreront-ils leur contrat avec leurs élèves ? La campagne électorale a des exigences sur lesquelles l’école ferme les yeux, le temps d’une élection. Du reste, beaucoup de maîtres n’ont pas besoin de s’éloigner de leur école pour battre campagne. Qu’il leur suffise de transformer leurs cours en meetings politiques.


Et que dire de la rue ? Elle va aux élections au rythme des caravanes qui sont censées porter la bonne nouvelle de chaque candidat. Elle vibre sur les rythmes de divers groupes d’animation. Tandis que les grandes affiches étalent, sur toute leur hauteur, le portrait des différents candidats. C’est le fruit des longues et patientes recherches des diverses équipes de communication. Comme s’il revenait à ces affiches de chanter victoire pour qu’il en fût ainsi dans les urnes.


Mais la face colorée, bon enfant, un rien folklorique de l’élection ne doit pas nous détourner de l’envers du décor. C’est la première fois que le Bénin aborde une saison électorale avec autant de tension et de crispation. En effet, les Béninois vont aux urnes habités du sentiment d’être précipités sur les chemins problématiques d’un Golgotha. A quoi seront-ils réduits ? A quelle seront-ils mangés ?


La guerre des institutions matérialisée par le bras de fer qui oppose l’Assemblée  nationale et la Cour constitutionnelle, n’augure rien de bon. Sur le plateau de leur affrontement qui prend les allures d’un ring ou d’une foire d’empoigne, c’est la classe politique qui se déchire. Les droits du peuple souverain, c’est le drapeau qu’agitent tous les camps, gardant camouflés dans les replis les intérêts partisans. Parodions La Roche Foucauld : « Ô peuple, que de crimes on commet en ton nom ! ».


Dans ce cafouillage monstre, où Dieu seul reconnaîtra les siens, les uns se veulent les croisés purs et durs de la démocratie dont ils estiment les règles bafouées. Les autres se proclament les partisans « de la dictature de la loi » qu’ils entendent faire régner sur les vivants et sur les morts. Mais, sur les ambitions que chacun mijote sous son crâne, les calculs qui éclairent  ses engagements, ou sur intérêts qu’il défend, motus, bouche cousue. Mais personne n’est dupe : la démocratie n’est qu’un paravent commode pour abriter, le temps d’une élection, la cuisine intérieure des uns et des autres. Le peuple n’est jamais invité au banquet de ceux qui sollicitent  ses suffrages. On ne s’attable pas avec ceux qui vous ont fait roi, dès lors que, l’élection terminée, élus et   électeurs ne boxent plus dans la même catégorie.


Par ailleurs, nous manifestons la volonté, avec l’autorité de la loi, d’aller à la présidentielle avec la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Est-ce trop nous demander, après cela, de nous occuper et de nous préoccuper de la fiabilité de cette liste ? Si des citoyens, pour une raison ou pour une autre, devaient en être exclus, ce serait une atteinte grave à la citoyenneté. C’est comme si notre pays refusait à certains de ses enfants l’appartenance identitaire à la communauté nationale. Quelles est donc cette Lépi, appelée à être un facteur de paix, mais qui risque de se révéler, à la fin, une source de malentendus et de désordres ? Qui veut porter la responsabilité d’une telle forfaiture?

A grave  question,  grave réponse.

makanju 22.02.2011 0 1822
PUB
Comments
Order by: 
Per page:
 
  • There are no comments yet
PUB
Post info
makanju
il ne faut jamais trop montrer son bonheur: il rend souvent les gens très malheureux.
22.02.2011 (4809 days ago)
Rate
0 votes
Actions
FACEBOOK

Recommend
Categories