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Épisode 1 : Quelques IST bactériennes à nouveau sur le devant de la scène !
InfoTraitements N°203 - Décembre 2010
publié le 1er février 2011 • par
Ces derniers temps, des infections anciennes comme la syphilis et la lymphogranulomatose vénérienne (LGV) reviennent sur le devant de la scène. Pourtant, on se passerait bien de ces infections, responsables de complications sévères, si elles ne sont pas traitées. InfoTraitements vous propose de faire un tour d’horizon des différentes infections sexuellement transmissibles (IST). Ce mois-ci nous vous présentons quelques unes des IST bactériennes puis, dans un prochain numéro, nous reviendrons plus précisément sur la syphilis et sur les infections d’origine virale.
Il existe différentes IST dont les symptômes sont souvent très discrets, voire inexistants. Quelques temps après un rapport sexuel à risque, il est important de consulter son médecin en cas d’apparition de divers signes : écoulements, sensation de brûlure en urinant, lésions et ulcérations sur le sexe ou les muqueuses (bouche, anus..), saignements ou toutes autres manifestations inhabituelles.
Il est primordial de se faire soigner car, lorsqu’elles sont dépistées à temps, la plupart des IST se traitent facilement et rapidement. Alors qu’une IST non traitée peut avoir des conséquences graves (stérilité, cancer...).
En cas d’infection, il est important de consulter et d’informer son ou ses partenaires(s) afin de leur faire bénéficier d’un traitement préventif systématique. Le seul moyen de vous protéger est d’utiliser le préservatif (pénétration, fellation). En effet, les spermicides locaux (sprays, gelées, ovules) ne protègent pas des IST.
Appelée communément “chaude pisse”, cette infection est due à la bactérie Neisseria gonorrhoeae ou Gonocoque. Chez l’homme, après une courte incubation (2 à 7 jours), la blennorragie entraîne le plus souvent une inflammation de l’urètre [1] qui cause des brûlures intenses à la miction [2] (d’où la "chaude pisse") et un écoulement purulent jaunâtre. L’infection peut aussi s’accompagner de fièvre et de douleur au bas-ventre. Au contraire, chez la femme, l’infection est le plus souvent asymptomatique, ce qui favorise alors la transmission de la maladie. Lorsqu’elle existe, la symptomatologie est pauvre : inflammation du col utérin, de la vulve, de l’urètre et du vagin avec des pertes jaunâtres.
Des formes touchant l’anus ou la gorge (en fonction des pratiques sexuelles) doivent aussi être recherchées de façon systématique, même si leur diagnostic reste difficile. Ces symptômes se manifestent quelques jours (jusqu’à une semaine) après le rapport contaminant.
Évolution de l’infection
Après un diagnostic par prélèvement local, la prise d’un traitement antibiotique permet une évolution favorable en quelques jours. En cas d’infection mal ou non traitée, des complications peuvent survenir. Chez l’homme, la blennorragie peut entraîner une infection de la prostate, ainsi qu’une épididymite [3]. Chez la femme, elle peut s’étendre à l’appareil génital, entraînant alors un risque de stérilité et une atteinte du nouveau-né si la mère est infectée. Pour les deux sexes, une gonococcémie, c’est à dire la diffusion du germe dans le sang avec infection généralisée, s’accompagne de fièvre, de signes cutanés et d’arthrite [4].
Traitement
Le traitement est efficace avec des antibiotiques appropriés. Pour les personnes infectées par le VIH, le traitement consiste en l’injection d’une dose unique de ceftriaxone (500mg) en intra-musculaire (traitement “minute”). Si le traitement de premier choix n’est pas efficace, ou si le malade ne le tolère pas, on peut proposer de la cefixime (Oroken®, 400 mg) en prise orale unique. On associe systématiquement un traitement dirigé contre les chlamydiae au traitement de la gonococcie.
À ne pas confondre avec la blennorragie gonococcique. La chlamydiose est causée par la bactérie Chlamydia trachomatis. C’est la plus fréquente et la plus contagieuse des IST, qui est une des principales causes de stérilité.
Évolution de l’infection
Le diagnostic se fait par la mise en évidence du germe lui-même ou par la présence d’anticorps dans le sang circulant. L’incubation dure environ une à deux semaines, mais peut être beaucoup plus longue (2 à 6 semaines) si la personne est asymptomatique (40 à 70 % des cas). La chlamydiose est d’ailleurs particulièrement asymptomatique lorsqu’elle est localisée dans la gorge ou le rectum. Lorsqu’ils se manifestent, les symptômes se caractérisent par des écoulements plus ou moins douloureux de couleur verdâtre ou jaunâtre, une sensation de brûlure en urinant, une épididymite. Parfois, ils se résument à l’existence d’une goutte matinale au méat [5], accompagnée de signes mineurs. Chez la femme, on observe plutôt des leucorrhées (pertes blanches) et des douleurs pelviennes.
Certains symptômes peuvent indiquer une infection à l’anus avec écoulements et picotements accompagnés parfois de douleurs et de saignements lors du passage des selles. De plus, les chlamydiae peuvent entraîner une infection dans la gorge (rarement symptomatique) en cas de rapports buccaux non protégés.
Chez l’homme, les complications se manifestent en général après une urétrite mal ou non soignée : infections de la prostate (prostatites), l’épididyme (épididymites), du gland (balanites). La chlamydiose peut aussi entraîner des conjonctivites et une stérilité. Chez la femme, les complications sont tout aussi graves puisqu’elles peuvent être à l’origine de stérilité, de grossesse extra-utérine et d’atteinte du nouveau-né.
Traitement
Il est recommandé, chez les PVVIH, de traiter les chlamydiae avec de la doxycycline (200mg/j) en deux prises pendant sept jours ou de l’azythromycine (Zithromax, 1g) en monodose.
Cependant, il existe plusieurs types de Chlamydia trachomatis dont certains nécessitent la mise en place d’un traitement plus long. C’est pourquoi, dans la pratique, il n’est pas rare qu’un traitement de trois semaines soit prescrit. En fonction du résultat des analyses du prélèvement (et de l’identification du type de chlamydiae), ce traitement pourra être réduit à une semaine.
Depuis plusieurs années, on observe une augmenta- tion régulière des cas de lymphogranulomatose vénérienne. La LGV est une forme particulière de chlamydiose due à certains Chlamydia trachomatis (sérotypes L1, L2 et L3). La LGV est une IST très contagieuse qui touche principalement les hommes homosexuels. Elle provoque chancres [6], pustules, puis une infection des ganglions et des organes génitaux. Elle peut causer de graves infections anales et des organes génitaux, mais se traite faci- lement lorsqu’elle est dépistée précocement.
Causes et facteurs de risque
La LGV se transmet par contact entre une muqueuse infectée (anus, rectum, gland, bouche, gorge), un liquide sexuel infecté (sperme, liquide pré-séminal) ou un suintement plus ou moins purulent (du pénis, de l’anus ou de la gorge) avec une muqueuse d’une personne saine. Les doigts, des objets non désinfectés ou ayant déjà été utilisés avec d’autres partenaires, peuvent être porteurs d’un liquide infecté. La LGV est très contagieuse et ne guérit jamais sans un traitement antibiotique adapté.
Le diagnostic se fait par prélèvement local de l’écoulement (s’il existe), par recherche de chlamydiae dans l’urine et parfois par test sanguin (sérologie Chlamydia trachomatis avec des résultats très élevés).
À la moindre douleur, accompagnée de fièvre et d’inflammation anormale de l’anus ou des organes génitaux, il est important de consulter un médecin.
Évolution de l’infection
Stade I : Il y apparition d’un chancre (bouche, urètre, gland) trois à trente jours après l’infection. Parfois cela passe inaperçu, sauf sur l’urètre, ce qui provoque une sensation de brûlure lorsqu’on urine.
Stade II : Deux à six semaines plus tard, il peut y avoir une infection des ganglions (souvent à l’aine) qui provoque douleur et fièvre, ainsi que des maux de tête. La LGV anale provoque une inflammation doulou- reuse de l’anus (écoulement de sang, de pus), avec des difficultés pour aller à la selle. Elle peut provoquer des abcès et des ulcères anaux accompagnés de fièvre. La LGV dans l’urètre provoque une sensation de brûlure lorsqu’on urine, accompagnée parfois de ganglions à l’aine pouvant devenir purulents et très douloureux. La LGV dans la bouche provoque une inflammation persistante et douloureuse de la gorge, accompagnée parfois de ganglions autour du cou et sous les aisselles.
Stade III : La LGV non traitée est une infection grave pouvant provoquer de l’érythème [7] ou des arthrites. Au niveau anal, des excroissances ressemblant à des hémorroïdes peuvent apparaître, ainsi qu’une infection des organes génitaux. Une intervention chirurgicale d’urgence, peut être nécessaire pour évacuer les abcès.
Traitement
Le traitement de choix de la LGV est la doxycycline (200mg/j), par voie orale pendant trois semaines. Parfois, les ganglions enflés peuvent nécessiter une aspiration ou une incision pour prévenir les ulcérations et les complications.
En conclusion de ce premier épisode, sachez que la prévention des IST est toujours un sujet d’actualité.
Au moindre doute, réagissez. N’attendez pas que des complications apparaissent car l’infection sera alors beaucoup plus difficile à traiter et surtout, pourra entraîner des séquelles.
Pour vous faire dépister, plusieurs possibilités s’offrent à vous : vous pouvez bien sûr vous rendre chez votre médecin traitant ou dans un centre spécialisé (toutes les coordonnées sont disponibles sur le site internet de Sida Info Service) :
CDAG : Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit ;
CIDDIST : Centre d’Information, de Dépistage et de Diagnostic des IST.
[1] Canal allant de la vessie et débouchant à l’extrémité du gland, transportant l’urine de la vessie vers l’extérieur.
[2] Expulsion naturelle par regorgement (débordement) de l’urine accumulée dans la vessie.
[3] Infection des testicules avec risque de stérilité. L’épididyme étant le canal qui conduit le sperme.
[4] Inflammation aiguë ou chronique des articulations. Elle ne désigne pas la pathologie répertoriée sous le nom d’arthrose mais un signe cli- nique d’une des nombreuses maladies articulaires.
[5] Orifice externe de l’urètre, par lequel l’urine est éjectée lors de la miction.
[6] Ulcération de la peau et des muqueuses, rosée et indolore, laissant sortir un liquide clair.
[7] Série d’affections cutanées de coloration rouge plus ou moins importante.