Le premier tour de l'élection présidentielle au Bénin a été repoussé au 6 mars 2011. Ce report est notamment dû au retard pris dans l’élaboration de la liste électorale permanente informatisée. Au regard de la Constitution béninoise, il est impératif que le scrutin ait lieu le 6 mars car le président, quel qu'il soit, doit prêter serment le 6 avril. Un second tour est également à prévoir. Mais l’opposition conteste cette liste qui, pour elle, écarte bon nombre d’électeurs, créant des tensions dans le pays.
Au bout du processus d’établissement de la Liste électorale permanente informatisée (LEPI), la méfiance des acteurs politiques de l’opposition ne s’est pas estompée. Bien au contraire. Comme le démontre Amissétou Djobo, députée de l’opposition et deuxième secrétaire parlementaire : « Cette liste là ne peut pas être prête pour le 6 mars. Il y a plus d’1,3 million de Béninois qui n’ont pas été recensés. On constate qu’après leur avoir dit de se déplacer massivement pour aller donc se faire enregistrer et qu’ils seraient pris en compte, la Commission dit qu’elle en peut plus les prendre en compte ».
Selon la commission politique chargée de superviser l’établissement de la liste, les registres ouverts à l’intention des retardataires comptent un peu moins de 400 000 Béninois, mais qui ne peuvent tous être pris en compte. C’est ce que rappelle Chabi Sika, député proche du pouvoir, et membre de la Commission politique de supervision (CPS/LEPI) :
« L’Article 26 de la loi sur la LEPI dit clairement : sont enregistrés les Béninois de 12 ans et plus qui ont été recensés lors du recensement porte-à-porte. La catégorie des Béninois qui n’ont pas été recensés lors du recensement porte-à-porte, légalement, on ne peut pas les enregistrer ».
Seule de nouvelles dispositions légales pourraient changer la donne.
LES RESPONSABILITES
Aujourd’hui, le sujet qui défraie la chronique est celui portant sur la réalisation de la liste électorale permanente informatisée (Lépi). D’un camp politique à un autre, les appréciations sur cet outil électoral divergent. Pour la majorité présidentielle, cette liste est la plus fiable pour des élections crédibles. L’opposition quant à elle analyse les choses autrement. Ce sont toutes ces divergences qui entrainent le retard que connait la Lépi. Il est alors normal que chaque camp politique sache maintenant assumer ce qui lui revient comme responsabilité.
Il est noté depuis quelque temps que l’opposition béninoise n’est pas encore prête à assumer une quelconque part de responsabilité dans la situation qui prévaut sur tout le territoire national. Apparemment, elle donne l’impression d’être là juste pour peindre totalement en noir tous les actes que pose la partie présidentielle. Or dans certains pays sous-régionaux et internationaux, l’on n’assiste pas à de telles pratiques. Et ce qui est curieux dans tout cela, est que les actes qu’elle pose leur reviennent par la suite tel un ascenseur. Le cas typique est celui qui a trait à la réalisation de la liste électorale permanente informatisée (Lépi). Qu’il vous souvienne qu’à une certaine étape du processus, les partis regroupés au sein d’une union avaient demandés à la population de boycotter de façon systématique à la réalisation de cette Lépi. L’unique raison à laquelle ils faisaient allusion, était qu’il n’y avait pas un consensus autour du processus et qu’il y a des dysfonctionnements. Au même moment, il y a le camp présidentiel qui invitait tous les citoyens béninois à se faire enrôler. Mais il a été noté que c’est plutôt l’appel de l’opposition qui avait été suivi sur le terrain d’autant plus qu’il y avait d’autres rumeurs qui ont été distillées au sein de l’opinion publique dans la seule intention de bloquer le processus. On était là lorsque les intempéries étaient venues dicter leur loi. Face à cet état de chose, la Cps-Lépi et la MIRENA ne pouvaient rien. Ayant eu une prolongation de délai jusqu’au 15 février prochain, les deux structures en charge de réaliser la Lépi font tout de leur possible pour rester dans le délai. C’est maintenant que la réalisation de la Lépi est devenue une préoccupation pour l’opposition béninoise. C’est ainsi qu’on peut analyser la récente sortie médiatique du peloton de Maires de l’opposition le mercredi dernier. Aujourd’hui, ils estiment qu’il y a un grand nombre de personnes qui sont délaissées dans certaines communes lors de la phase de l’enrôlement. Or plus d’un des béninois ont en mémoire qu’ils faisaient partie de ceux qui avaient lancé l’appel au boycott. Ils rejettent maintenant le tort sur la Cps-Lépi et à la MIRENA tout ignorant qu’eux-mêmes, ils en ont pour quelque chose. Ils exhortent aujourd’hui la population à vite aller se faire enrôler avant la date fatidique. C’est dommage. L’opposition béninoise doit savoir à des moments donnés assumer ses responsabilités au lieu de toujours chercher à la rejeter sur l’autre camp qui, tout au long du processus, a joué pleinement sa partition qu’est d’inviter la population à se faire enrôler. Face à cette situation, l’on est bien tenté de dire que l’opposition béninoise ne sait pas ce qu’elle veut vraiment. Leur souci est de mettre tout en œuvre pour rendre difficile la gestion du pays à l’actuel président de la République. Même dans des pays de grande démocratie, les choses ne passent ainsi. Si vraiment, l’opposition béninoise souhaite l’alternance à la tête de notre pays, elle doit changer de stratégie politique.
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