Laurent Labite, 37 ans, qui a fait un malaise cardiaque dans une cellule de dégrisement du commissariat le 28 janvier, est décédé dimanche. Le Parquet a ouvert une enquête judiciaire pour rechercher les causes de la mort. Une autopsie a été ordonnée.

APRÈS avoir passé deux semaines entre la vie et la mort, Laurent Labite est donc décédé dimanche, vers 10 heures. Le parquet de Soissons a ouvert une enquête judiciaire pour rechercher les causes de la mort. Une autopsie a été ordonnée et sera effectuée aujourd'hui à l'institut médico-légal de Compiègne. « Une procédure normale », précise le Parquet prudemment, inquiet que la polémique et l'emballement déclenchés juste après ce mercredi 28 janvier, soient ravivés par l'annonce du décès.
L'association des médecins urgentistes de France (Amuf) et SOS racisme s'étaient emparés de cette dramatique histoire accusant le chef du commissariat de Château-Thierry de racisme et dénonçant ce qu'ils estimaient être de l'abus de pouvoir des policiers.
Pourtant les faits sont simples et à aucun moment, Isabelle Pagenelle, le procureur de Soissons en charge de l'enquête n'avait reproché une quelconque faute de commise de la part des policiers comme des urgentistes.
Ce mercredi-là, vers 19 heures, Laurent Labite est interpellé ivre dans la rue par des policiers. Il est conduit à l'hôpital comme le veut la procédure afin de s'assurer que son état de santé était apte avec un placement en dégrisement. L'urgentiste, le Dr Mupapa délivre un certificat de non-admission. Laurent Labite est donc placé en cellule, « en position latérale de sécurité avec une couverture sous la tête et des consignes ont été données pour une surveillance renforcée », avait d'ailleurs indiqué dans un communiqué le syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).
C'est vers 21 heures que son état de santé s'était dégradé. Les policiers avaient immédiatement appelé les secours, mais avant que les pompiers n'arrivent, le cœur de Laurent Labite s'était arrêté. Les policiers avaient donc entamé un massage cardiaque, d'autres étaient allés chercher un médecin généraliste, tandis que les médecins du SMUR engagés sur une autre intervention prenaient la direction du commissariat.
Après 20 minutes d'arrêt respiratoire, le cœur était reparti et c'est à ce moment que les urgentistes dont le Dr Mupapa sont arrivés au poste de police. Immédiatement, le Dr Mupapa est entendu, ce qui avait entraîné le tollé de la part de l'AMUF et de SOS Racisme. « Un policier n'a pas le droit d'interrompre un réanimateur dans son travail », avaient-ils indiqué. « Le malade a toujours été pris en charge par deux médecins et n'a, à aucun moment, été laissé sans soins », avait martelé la magistrate qui précisait : « La polémique n'a pas lieu d'être. »
La Direction départementale de la sûreté publique était restée muette. « La direction centrale parlant d'une non-affaire. Un silence assourdissant. Un manque de communication qui contribue à jeter l'opprobre sur le travail irréprochable de tout un service, dirigé avec rigueur et méthode par un commandant de police, dont le professionnalisme est unanimement reconnu », poursuivait le SCPN.
Hier, quinze jours après les faits et alors que l'on apprenait le décès de Laurent Labite, la direction départementale de la sûreté publique, avec à sa tête, le commissaire central David Boileau s'est exprimé pour la première fois : « Il est normal qu'une enquête judiciaire soit diligentée afin de faire toute la lumière sur les faits et les conditions dans lesquelles le malaise est survenu. Depuis le départ, en aucun cas, les policiers remettent en cause le travail effectué par les médecins urgentistes ce soir-là. Le commandant est un chef de service particulièrement brillant, les propos racistes sont totalement infondés, il est connu pour son intégrité en la matière. L'enquête judiciaire doit se dérouler sereinement. »
Aurélie Beaussart

Article paru le : 17 février 2009

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