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A qui appartient Saint-Germain-en-Laye ?

A qui appartient Saint-Germain-en-Laye ?

Le Point - Publié le 12/10/2006 à 02:17 - Modifié le 17/01/2007 à 02:17

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A Saint-Germain-en-Laye plus qu'ailleurs, il convient de connaître l'Histoire si on veut comprendre la ville. En effet, la présence prolongée des rois de France, du XIIe au XVIIe siècle, a eu des conséquences majeures sur le patrimoine de la cité royale. Deux exemples l'attestent : parce qu'il fallait bien éduquer les jeunes aristocrates qui venaient à la Cour, les précepteurs et les institutions scolaires se sont multipliés. Aujourd'hui encore, la ville compte 22 000 élèves pour 42 000 habitants. Ces jeunes nobles devaient aussi apprendre le maniement des armes : depuis des siècles, la forêt fait office de camp d'entraînement militaire. Aujourd'hui, elle accueille l'état-major de la Région Terre Ile-de-France. Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que l'Etat soit propriétaire d'environ les trois quarts du territoire communal. Pour autant, la ville, les institutions et les particuliers n'en sont pas réduits à se partager les miettes du gâteau.

L'état

Le château Beaucoup l'ignorent : c'est à Saint-Germain qu'ont vécu la majorité des souverains français. François Ier et Louis XIV y ont passé plus de temps qu'à Fontainebleau ou Versailles. Abandonné au XVIIIe siècle, le château doit à la reine Victoria, soucieuse de préserver le lieu où vécut son ancêtre Jacques II, d'avoir été sauvé de l'oubli auquel la cour versaillaise, versatile et bambocharde, l'avait condamné. Entre-temps, le vieux château était devenu une école de cavalerie, puis un pénitencier militaire. Rénové une première fois entre 1862 et 1867, puis un siècle plus tard à l'initiative d'André Malraux, il abrite les collections du musée des Antiquités nationales et dépend du ministère de la Culture. Mais la troisième rénovation se fait attendre. « On peut visiter le musée, mais pas le château qui abrite ses collections », déplore le maire UMP, Emmanuel Lamy. « Le coût de la rénovation et d'une nouvelle muséographie est considérable », glisse, pour sa part, son directeur, Patrick Périn.

La terrasse de Le Nôtre a pour sa part été réhabilitée. Un grand programme de rénovation a en effet permis, il y a quelques années, de retrouver le panorama à 180 degrés de jadis. Mais ce vaste espace doit composer avec la présence de plusieurs collèges et lycées, qui y déversent des flots de jeunes. « Nous devons à la fois préserver un site historique remarquable et accueillir convenablement cette population, explique Claude Veyssière-Pomot, l'administrateur du Domaine national de Saint-Germain-en-Laye. Or je n'ai pas forcément les crédits pour cela. » En somme, ce fleuron du patrimoine local est déchiré entre son appartenance à l'Etat et les exigences d'une ville qui dispose d'une immense forêt, mais de très peu de grands jardins publics.

Prochainement rénovée (lire page XXIV), la Rampe des grottes est dans une configuration différente. Elle appartient au conseil général, à la ville et à deux propriétaires privés : la famille Louis-Dreyfus et les propriétaires du pavillon Henri IV.

La forêt Avec ses 3 530 hectares, la forêt domaniale de Saint-Germain-en-Laye représente plus des deux tiers de la superficie de la ville. Propriété du ministère de l'Agriculture, sa gestion a été confiée à l'Office national des forêts (ONF). On y trouve, entre autres, un golf, un ancien champ de tir, un lycée agricole et horticole ainsi qu'une très belle demeure, le pavillon de la Muette, qui tombe en ruine. « Il est dommage que l'Etat n'accorde pas de crédits suffisants pour l'accueil du public dans la forêt »,grince le maire. « Depuis la tempête de 1999, nous avons mis l'accent sur le reboisement, plaide le directeur de l'agence ONF de Versailles, François Virely. En quelques heures, l'équivalent de quatorze années de coupes est tombé, soit 150 000 mètres cubes. » Mais il reconnaît que la situation du pavillon de la Muette pose problème : « Nous n'avons pas spécialement les compétences en la matière, donc nous acceptons tous les partenariats pour le rénover. Mais, jusqu'ici, personne ne nous a rien proposé. »

La SNCF En plein coeur de la forêt, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF) se partagent une bande de terrain d'une centaine d'hectares. Cette emprise traverse le quartier de la Croix-Saint-Simon, érigé par le père du célèbre mémorialiste en souvenir des guerres de Louis XIII contre l'Espagne. Outre les voies ferrées de la SNCF, de la RATP et la gare d'Achères-Grand Cormier (pourtant sise sur le territoire de Saint-Germain-en-Laye), cette zone comprend un centre de formation des conducteurs et un vaste quartier d'habitations. Là, en plein coeur de la forêt, nombreux sont ceux qui ont dû rêver au grand soir. Car, outre les cheminots, des centaines d'ouvriers de l'usine automobile Simca, à Poissy, étaient logés dans des résidences proprettes et bon marché. Toute proche, l'armée veillait...

L'armée Sa présence à Saint-Germain-en-Laye est ancienne, massive et organisée. Ancienne, parce que, dès 1669, Louis XIV y fait construire le fort Saint-Sébastien pour parfaire l'éducation militaire du Grand Dauphin. Massive, parce que l'armée a toujours été très présente à Saint-Germain-en-Laye. Avant l'état-major de la Région Terre Ile-de-France, la ville abrita pendant la Seconde Guerre mondiale le quartier général des armées allemandes du front de l'Ouest (allant de la Norvège à l'Espagne), commandé par le maréchal Gert von Rundstedt. A l'époque, la ville comptait 20 000 Allemands et autant de Français. Pendant la guerre froide, jusqu'en 1967, les troupes de l'Otan, réunies au sein du Superior Headquarters of Allied Powers in Europe (Shape), y étaient basées.

Organisée, enfin, car chaque zone militaire avait son attribution. Ancienne caserne de cavalerie, le quartier Goupil appartient à la gendarmerie : c'est le centre d'entraînement de la Garde républicaine. Vendu il y a quelques années à la Société nationale immobilière (SNI), le quartier Gramont est devenu un lieu résidentiel où logent des militaires et du personnel civil de la Défense (d'autres sont logés au village d'Hennemont). Au total, l'armée dispose de plus de 700 logements à Saint-Germain-en-Laye. La caserne Gallieni, qui hébergeait il y a encore quelques années les Forces d'action rapide (FAR), est dévolue à la Direction interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information de la défense et au Centre automobile de la défense. Enfin, sur les 45 hectares du camp des Loges, loués en partie pour le centre d'entraînement du Paris-Saint-Germain, l'état-major de la Région Terre Ile-de-France est soutenu par plusieurs directions logistiques et le 526e bataillon du train. Au total, 1 300 militaires et civils dépendant de la Défense occupent 76 hectares à Saint-Germain-en-Laye.

La voirie La sous-préfecture des Yvelines est traversée par une autoroute (A14), deux nationales (13 et 184) - dépendantes du ministère de l'Equipement et des Transports -, pas moins de dix départementales (qui sont du ressort du conseil général) et un réseau urbain assez dense constitué d'environ 72 kilomètres de rues.

Les collectivités locales

Le département L'ancien hôpital royal de Saint-Germain-en-Laye, fondé en 1681 à l'initiative de Mme de Montespan, a été racheté en juillet 1914 par Maurice Denis, l'un des chefs de file du groupe des nabis. L'artiste, convaincu qu'il s'agissait d'un ancien couvent, baptise l'endroit Le Prieuré. Il y peindra jusqu'à sa mort, en 1943. Grâce à une donation de ses descendants, Le Prieuré a été acquis par le département des Yvelines, qui en a fait un musée consacré aux peintres nabis et symbolistes. Les oeuvres de Maurice Denis seront exposées cet automne au musée d'Orsay, avant de partir pour Montréal et l'Italie.

Outre l'IUFM et les collèges (voir plus loin), le département est également propriétaire de la sous-préfecture. Construite sur une belle propriété privée et bénéficiant d'un grand parc, elle présente une particularité intéressante. Son locataire régente en effet la sous-préfecture la plus peuplée de France, avec un territoire abritant environ 500 000 habitants. A comparer avec les 7 569 habitants de la zone de Barcelonnette, dans les Alpes-de-Haute-Provence...

La ville de Paris Curieusement, la ville de Paris est propriétaire d'une large bande de terrain au nord de Saint-Germain-en-Laye, en bordure de Seine. Ce qui mérite un bref rappel historique : entrés dans le giron de l'Etat après la guerre de 1870, ces 500 hectares de plaine alluviale sont convoités par le préfet de Paris, Eugène Poubelle. Contre l'avis des communes de Saint-Germain et d'Achères, il parvient à racheter le terrain, qui devient jusqu'aux années 30 une zone d'épandage pour les eaux usées de la capitale. Afin d'éviter toute polémique, il décide d'y établir le jardin de la ville de Paris. Aujourd'hui encore, trois fermes parisiennes subsistent : celle de Fromenville, celle des Noyers et celle de la Garenne. Sur cette dernière, le fermier de 1919, Emile Morizet (qui n'était autre que le grand-père d'Isabelle Morizet, alias Karen Cheryl), eut la bonne idée de planter du maïs pour nourrir les boysaméricains venus combattre les Allemands. Les années ont passé, les Sammies sont partis, le maïs est resté. Pour l'anecdote, c'est sur la route longue et droite qui traverse ce terrain que le cap des 100 kilomètres à l'heure a été franchi en 1899 par l'automobile de Camille Jenatzy, la « Jamais Contente » . Aujourd'hui, le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP) est propriétaire des lieux. Il y exploite deux unités de traitement, de nitrification et de dénitrification des eaux.

La ville de Saint-Germain-en-Laye Au total, la ville est propriétaire de 104 414 mètres carrés. Un portefeuille foncier qui contient l'hôtel de ville, le centre administratif, la mairie annexe, le bâtiment de la police municipale, une piscine, le cimetière, sept crèches municipales, des maisons de retraite et foyers pour personnes âgées, deux stades et trois gymnases, une bibliothèque, un théâtre et plusieurs équipements culturels comme La Clef et La Soucoupe (auxquels il convient d'ajouter cinq parcs et aires de jeux)... Notons enfin que, fait rare en France, la ville possède des aqueducs toujours en fonctionnement. Classés monuments historiques, ils drainent l'eau des collines pour l'acheminer au château. Et rappellent combien l'approvisionnement en eau était un enjeu crucial.

Les institutions

L'éducation nationale Dès lors que l'on se penche sur la situation patrimoniale des écoles, collèges et lycées de Saint-Germain-en-Laye, on s'aperçoit rapidement que la diversité prime sur l'unité. Certes, conformément aux lois sur la décentralisation, les collèges sont du ressort du département, les lycées de la région et l'IUFM est administré par le ministère de l'Education nationale. Mais la situation est plus complexe. Prenons l'exemple des collèges : pour celui des Hauts-Grillets, le terrain et le bâti appartiennent à la commune. En revanche, dans le cas de Marcel-Roby, ils sont partagés entre la ville et l'Etat. Quant à Claude-Debussy, si le terrain appartient à la commune, le bâti est propriété du conseil général. Dans tous les cas, c'est le département qui assume le statut de propriétaire. Difficile de s'y retrouver ! Quant au Lycée international, qui accueille 2 900 élèves de la maternelle jusqu'au bac, il est administré par le département depuis le 1er janvier 2006.

Si la complexité est la norme pour l'enseignement public, qui occupe 27 hectares du territoire communal, la situation n'est guère différente pour le privé. Fondé au début du XVIIIe siècle, l'école Saint-Thomas-de-Villeneuve est dirigée par des soeurs depuis sa création. C'est également le cas de Saint-Erembert, qui appartient aux oratoriens. Mais c'est une institution laïque, Ursulines 48, qui est propriétaire des murs de l'institut Notre-Dame. La fondatrice de ce haut lieu de l'éducation, Mme Campan, est également à l'origine de la maison d'éducation de la Légion d'honneur, qui dépend de la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur, donc du ministère de la Justice.

L'hôpital Dès 1228, le clergé avait décidé de la création d'un hôtel-Dieu pour « héberger les pauvres et trespassants » de la ville. Huit siècles plus tard, l'hôpital de Saint-Germain-en-Laye, fiancé à celui de Poissy depuis quelques années, perpétue cet héritage. Construit et inauguré en 1881, il est aujourd'hui encore propriétaire de ses murs et de la chapelle Saint-Louis attenante.

L'église Cela peut paraître surprenant, mais les biens de l'Eglise dans cette ville marquée par l'Histoire sont peu nombreux. Etonnant quand on songe qu'à la Révolution française 30 % du territoire national appartenait au clergé.

La principale église, Saint-Germain, qui peut accueillir un millier de fidèles, appartient à la ville. En revanche, l'église Saint-Léger (700 fidèles), inaugurée en 1961, soit longtemps après la loi de séparation des Eglises et de l'Etat de 1905, appartient au diocèse. Tout comme la chapelle Sainte-Cécile, où peuvent se recueillir 80 personnes. Mais, avec une petite dizaine d'appartements, le diocèse ne fait assurément pas figure de grand propriétaire foncier.

Dans le même esprit, le carmel, fondé en 1878, est propriétaire de ses murs, via une association loi de 1901, rue de Boufflers. Une quinzaine de soeurs s'y consacrent à une vie de prière.

Les autres cultes Le modèle du carmel a été adopté par tous les autres cultes présents à Saint-Germain-en-Laye. Les 500 familles protestantes de Saint-Germain et de ses environs se réunissent dans un temple qui appartient à l'association cultuelle de l'Eglise réformée . « C'est à nous qu'incombe la responsabilité de payer toutes les réparations, ce qui n'est pas toujours facile », explique le président du Conseil presbytéral, Jean-Fred Berger.

De la même façon, l'association communautaire israélite, présidée par Jules Arouche, est propriétaire de la synagogue. Les jours de grande affluence, celle-ci accueille 300 pratiquants, pour l'essentiel séfarades. Il y a une communauté ashkénaze anglophone, proche du Lycée international.

Enfin, la loge maçonnique de la Bonne Foi, affiliée au Grand Orient de France depuis 1978, mais accueillant plusieurs autres obédiences, possède les locaux où elle se réunit. Une loge qui se targue d'être l'une des premières de France, née dans le sillage des maçons anglais et écossais venus avec Jacques II.

Les propriétaires privés

Les grandes familles « Ne cherchez pas : il n'y a plus de grand propriétaire foncier privé à Saint-Germain, assure Sylvain Plantelin, notaire. De succession en héritage, les grandes familles ont été obligées de diviser leurs biens en appartements et souvent de les vendre. » Certes, dans cette ville dominée par la grande et la moyenne bourgeoisie, il reste quelques grandes fortunes. Mais la richesse y est discrète, presque cachée. Ici, on ne fait pas étalage de ses biens. « De toute façon, ceux qui ont beaucoup d'argent ne vont pas forcément le placer dans l'immobilier à Saint-Germain-en-Laye, explique le jeune notaire. Ils achètent plutôt au Vésinet ou à Neuilly, car, là, ils pourront acquérir une grande maison avec un terrain important, ce qui est rare ici. Je n'entends parler que d'une ou deux ventes de plus de 2 millions d'euros par an à Saint-Germain. »

Malgré tout, dans cette ville cosmopolite où au détour des rues on entend parler anglais, néerlandais ou espagnol, il reste quelques grands propriétaires. La famille Mentzelopoulos, propriétaire de Château Margaux, possède une magnifique villa dans le quartier du Val, alors que la famille Louis-Dreyfus dispose d'une des plus belles demeures de Saint-Germain-en-Laye, en face de la grande terrasse.

Les promoteurs Au milieu des années 60, la ville entreprend l'aménagement de ses derniers espaces libres, ce qui donne naissance au quartier de Bel-Air. La Société d'économie mixte municipale (Semager) s'y taille la part du lion. Mais il ne lui reste aujourd'hui que quelques milliers de mètres carrés de terrain qui vont bientôt être vendus.

Différents institutionnels privés ont aussi été propriétaires de plusieurs immeubles dans le centre-ville. Mais, là encore, la situation change. Dans le quartier des Terrasses, Groupama a cédé à la Cogedim un terrain bâti sur lequel elle vend des dizaines d'appartements. De même, la caisse de retraite du personnel navigant d'Air France a longtemps possédé un immeuble non loin de la place du Marché. Plusieurs institutionnels et caisses de retraite ont d'ailleurs profité des prix élevés pour vendre leurs immeubles à la découpe, ces dernières années. Au total, les promoteurs posséderaient une soixantaine d'hectares à Saint-Germain-en-Laye, contre une quarantaine pour les bailleurs sociaux (le taux de logements sociaux est de 17,5 % du total, soit un peu inférieur à l'exigence légale de 20 %).

Les commerçants On leur accorde peut-être plus de poids qu'ils n'en ont vraiment. Les 850 commerçants de la ville, regroupés pour certains au sein de l'Union du commerce et de l'artisanat de Saint-Germain-en-Laye, ne représentent pas une force politique majeure. Leur présidente, Marie-Laure Couderc, ne dit pas autre chose quand elle affirme qu' « il n'y a plus de gros commerçants en ville ». Qu'en est-il de Frédéric Jaunet, à qui on prête tant d'influence ? « Il n'a que deux boutiques. Mais, comme il est agent immobilier spécialisé dans les transactions sur les fonds de commerce, on voit son nom partout. Cela ne veut pas forcément dire que c'est lui qui tire les ficelles. »

KHADHORMEDIA 18.10.2011 0 2598
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