Sur invitation de Paul Biya à l’occasion du cinquantenaire, Laurent Gbagbo a pris part à la cérémonie de clôture de la conférence internationale Africa 21 à Yaoundé, puis au défilé du 20 mai 2010.

C’était l’un des rares déplacements de l’ex-chef d’Etat ivoirien sur le continent africain. Gbagbo appelait Paul Biya : « Mon frère ». Les deux hommes étaient-ils vraiment des frères ?

Depuis lundi dernier que Laurent Gbagbo n’est plus le président de la Côte d’Ivoire, Paul Biya n’a pas encore réagit. Pas un mot pour reconnaître le nouveau gouvernement d’Alassane Ouattara. Pas un communiqué officiel pour indiquer clairement si les autorités de Yaoundé s’alignent sur la position des Nations-Unies, et / ou l’Union africaine.

Lundi soir, sur les ondes de la Crtv Radio, alors que toutes les chaînes satellitaires annoncent la « capture » de Laurent Gbagbo, l’information n’est pas donnée en titre au journal Radio de 17h de la Crtv. A la fin du journal, le présentateur lit un texte sommaire, qui ne dit pas clairement, s’il s’agit d’un communiqué officiel : « le gouvernement s’aligne sur la position des Nations Unies ». Après cela plus rien. Silence au cabinet civil et au Ministère des Relations extérieures (Minrex). Pour un diplomate en service au Minrex, « personne ne peut véritablement s’aventurer à conjecturer sur l’attitude de Paul Biya. C’est vrai que ça dérange, mais ce n’est pas au niveau du Minrex qu’il faut chercher. Personne ne peut se prononcer. La diplomatie camerounaise est compliquée ».
Pourtant Paul Biya a déjà reconnu Mohammadou Issoufou, le nouveau président du Niger, élu le 14 mars 2011, soit trois mois après les élections en Côte d’Ivoire. Une position qui tranche avec celle de ses homologues du Mali, Sénégal, Congo – Brazaville, Nigéria qui ont reconnu le gouvernement de Ouattara depuis janvier 2011. 

Le  silence continu de Paul Biya pourrait laisser penser que ce dernier s’alignerait sur les positions de l’Afrique du Sud, l’Angola, l’Algérie et l’Ouganda, qui ont, dès le départ émis des réserves sur quant à l’élection d’Alassane Ouattara, et ont pendant longtemps protégé Laurent Gbagbo contre toute ingérence occidentale et  intervention militaire en Côte d’Ivoire.
Sauf changement de dernière minute, une conférence de presse présidée par Issa Tchiroma se tiendra ce jour au ministère de la Communication. D’après nos sources, il sera question de la situation en Côte d’Ivoire.

Deux poids, deux mesures

Le 20 mars dernier, la Tunisie a célébré sa fête nationale. La veille, Paul Biya n’a pas adressé de message de félicitation à son homologue tunisien. « Une première depuis plus d’une dizaine d’année. C’est certainement lié à la chute de Ben Ali avec qui Paul Biya entretenait de très bons rapports. », Confie un diplomateau ministère des Relations extérieures. Le message de félicitation interviendra plus tôt quelques jours plus tard. Suite à cette correspondance, son homologue Fouad Mebazaâ, le nouveau président par intérim, lui adresse quelques jours plus tard un message de remerciement. L’ambassadeur de Tunisie au Cameroun, Abderrazak Landoulsi,  plus tôt souriant tente de nous rassurer : « Le président Biya est un homme sage. Il sait ce qu’il fait. D’ailleurs qu’il n’aime pas s’ingérer dans les affaires intérieures des Etats ». 

L’Egypte n’a pourtant pas encore eu cette chance. Depuis le départ du président Hosni Moubarak, les autorités camerounaises n’ont pas encore officiellement pris acte du changement de régime en Egypte. Une information confirmée par une source diplomatique à l’ambassade d’Egypte. Il est vrai, les deux chefs d’Etat n’étaient pas très « amis ». En 30 ans, aucune visite officielle d’Hosni Moubarak au Cameroun.  Cependant pourquoi cette politique de deux poids deux mesures ? Un diplomate maghrébin en poste à Yaoundé répond : « le régime est embarrassé ».

Source : Cameroonvoice