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Crise ivoirienne : Les prix flambent au Mali et au Burkina

Les camions maliens attendent de venir chercher les milliers de tonnes de de
marchandises encore en souffrance en Côte d’Ivoire.

27/01/2011           

Les opérateurs économiques maliens ont actuellement près de 11 milliards de francs de marchandises bloquées en Côte d'Ivoire. C'est un problème sérieux pour nous...», se désolait la semaine dernière, à Bamako, un opérateur économique malien proche de la direction générale du Port autonome d'Abidjan, face aux conséquences de la crise post-électorale.

Un si grand volume de marchandises délestés du marché ne peut que provoquer des perturbations sur le commerce dans le pays. C'est justement ce à quoi les consommateurs maliens sont confrontés depuis que cette énième crise ivoirienne a démarré en fin novembre dernier. Bokari Dicko, directeur de publication d'un journal malien, explique que les difficultés ont commencé précisément, lorsqu'à la faveur du second tour de l'élection présidentielle, un couvre-feu et la fermeture des frontières ont été décidés en fin novembre 2010. Très vite les prix des produits de première nécessité ont pris l'ascenseur.

L'enlèvement de plus de 30 mille tonnes de marchandises du port d'Abidjan par 300 camions maliens, à la mi-décembre, n'a quasiment pas ramené la quiétude. La flambée des prix s'est maintenue. Ainsi, le prix du litre de l'huile de palme est passé de 800 à 1200 francs. Le kilogramme de sucre coûte aujourd’hui 650 francs au lieu de 450 francs comme par le passé. D'autres produits, comme le gaz butane, déjà sujets à une pénurie récurrente, sont devenus encore plus rares, commente Bassirou Traoré, revendeur de gaz dans les environs du grand marché de Bamako.

Pour éviter au pays une pénurie grave et longue sur le marché, les opérateurs économiques du Mali organisent leurs importations désormais par les ports concurrents de celui d'Abidjan. L'un des opérateurs économiques note d'ailleurs qu'«il est devenu difficile, aujourd'hui de parler du Port autonome d'Abidjan aux opérateurs économiques maliens...». Mais comme il fallait s'y attendre, le contournement du port d'Abidjan, s’il permet d’éviter la pénurie des denrées, a malheureusement un coût supplémentaire. Les ports de Lomé, Cotonou, Dakar, Téma (Ghana) et Nouakchott sont plus éloignés. D'où le surcoût des frais de transport avec leur corollaire de hausse des prix des produits sur les marchés. L'un des opérateurs économiques, par ailleurs président de la Commission infrastructures et équipement de transport du Conseil malien des chargeurs, Kassogué Mamaye, le reconnaît. «Aller au port de Lomé coûte plus cher, étant donné qu'il y a 800 kilomètres de plus, à parcourir...», explique-t-il, entre autres.

Plus que la hausse des prix, les activités économiques du Mali connaissent un ralentissement du fait de la crise ivoirienne. «Nous sommes bloqués. Depuis le début de l'année nous n'avons signé le moindre contrat... il n'y a pas d'argent», se plaint l’opérateur économique proche de l’autorité portuaire d’Abidjan. La fluidité des échanges avec la Côte d'Ivoire étant coincée, l'une des premières victimes est l'administration douanière du pays. Le bureau principal douanier de Faladiè (Bamako) a enregistré un manque à gagner de 600 millions de francs en fin novembre. La cour de ce bureau de douane reste désespérément vide depuis lors. Il n'y a quasiment pas de camions. Et les magasins sont vides. Le bureau des douanes de Sikasso n'a recouvré au même moment que 978 millions de francs sur une prévision mensuelle de plus de 1,8 milliard de francs. Soit un manque à gagner de 500 millions de francs. (in le Républicain).

Faut-il le noter, la Côte d'Ivoire est le premier corridor par lequel le Mali s'approvisionne. Il contrôle, à lui tout seul, plus de la moitié du trafic des marchandises générales et d'hydrocarbures.

Le Burkina Faso, l’autre géant client du Port autonome d'Abidjan est, selon des informations publiées dans le magazine panafricain Jeune Afrique dans sa dernière parution, dans la tourmente. On annonce au moins 20 mille tonnes de marchandises appartenant aux opérateurs économiques de ce pays, bloquées au Port autonome d'Abidjan dont 14 mille tonnes de riz. Comme au Mali, les prix des produits ont aussi augmenté. On lit dans Jeune Afrique que «les produits industriels et alimentaires importés de Côte d’Ivoire ont tous connu une augmentation allant de 15% à 30%». Le «port sec» de Bobo-Dioulasso, la plus grande ville du Burkina Faso, proche de la frontière ivoirienne a «séché». Les marchandises qui d'ordinaire y transitaient en provenance de la Côte d'Ivoire pour être acheminées vers les autres localités du Burkina Faso, n'arrivent plus.

Le Niger qui n'effectue que 30% de ses importations par le port d'Abidjan, n'échappe pas pour autant aux effets de la crise ivoirienne. «Nous sentons moins les effets de la crise ivoirienne que le Mali et le Burkina Faso, dont les économies sont extrêmement liées à celle de la Côte d'Ivoire. Mais nous sommes tout de même affectés», a fait savoir le secrétaire général de la Chambre de commerce, d'industrie et d'artisanat du Niger, Laouali Chaïbou, dans Jeune Afrique. Les difficultés d'approvisionnement en matières premières, notamment, les huiles utilisées dans l'industrie cosmétique, ont provoqué un renchérissement des produits finis tels que les savons et le dentifrice, note le responsable de la Chambre consulaire nigérienne. Pour régler le problème, les opérateurs économiques nigériens, dit-il, s'orientent désormais du côté du Nigeria et du Burkina Faso. Pour ce qui concerne les importations en provenance de l'extérieur du continent, ils sollicitent le port de Lomé.

Le Niger fait face à un problème particulier du fait de la crise politique ivoirienne: le principal débouché (la Côte d'Ivoire) de ses 500 mille tonnes d'oignon produits par an, est «bouché», alors que le pays ne consomme que 95% de sa production annuelle. Cette denrée n'arrive plus aisément dans la partie Sud du pays. Après la fermeture des frontières ivoiriennes, qui a bloqué net l'exportation de cette denrée vers la Côte d'Ivoire, ce sont maintenant l’opération «Pays mort» lancée par le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) qui perturbent la vente de ce produit sur les marchés ivoiriens. Les commerçants du marché de gros de Bouaké ont fait les frais de cette situation. Une bonne partie de leur marchandise a pourri dans les magasins à cause de l'impossibilité de ravitailler les marchés du sud de la Côte d'Ivoire.

Pour écouler leur production, les Nigériens explorent d'autres marchés en attendant la normalisation en Côte d'Ivoire.

La crise ivoirienne n'affecte pas que les pays de son hinterland. Au Togo, par exemple, les consommateurs ont constaté une hausse des prix sur un certain nombre de denrées de première nécessité importées de Côte d'Ivoire. C'est le cas de l'huile et du sucre qui ont vu leur prix majoré en moyenne de 300 francs. Le premier est passé de 600 francs, le litre à 1000 francs. Quand le second revient désormais à 700 francs au lieu de 400 francs.

En fait, c'est globalement l'ensemble des pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) qui sont marqués par les difficultés en Côte d'Ivoire. En effet, le taux d'inflation de 2,4% en novembre 2010 est passé à 4% aujourd'hui.

Alakagni Hala, fratmat.info (RCI), Jeudi 27 Janvier 2011

KHADHORMEDIA 27.01.2011 0 1550
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