« Quand vous vous promenez en Côte d’Ivoire, il y a ce que Houphouët a construit, et puis il y a ce que Gbagbo a construit. Au milieu, il n’y a rien (1). » C’est ainsi que, le 4 octobre 2010, à l’approche du premier tour de l’élection présidentielle, le président Gbago défie ses adversaires, MM. Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara, chacun revendiquant l’héritage du « père de la nation » ivoirienne.
La succession manquée d’Houphouët-Boigny, décédé en 1993 après trente-trois ans de règne sans partage, demeure au centre des crises à répétition que connaît ce pays depuis dix-sept ans. MM. Gbagbo, Bédié et Ouattara se connaissent et se fréquentent depuis des décennies, s’alliant puis s’opposant dans un jeu politique à géométrie variable qui épuise le poumon économique de l’Afrique de l’Ouest.
Parmi les trois héritiers présomptifs du premier président, M. Bédié, né en 1934, fait figure de « fils naturel ». Comme son mentor, qui a piloté son ascension politique, il est issu du peuple baoulé. Après des études en France, il devient à l’indépendance, en 1960, le premier ambassadeur ivoirien aux Etats-Unis et à l’Organisation des Nations unies (ONU). Mais c’est surtout en tant que ministre des finances, poste qu’il occupe pendant onze ans, qu’il demeure dans la mémoire populaire : c’est l’époque du « miracle ivoirien », l’argent du cacao coule à flots et le ministre a la réputation de ne pas oublier de se servir...
Lorsque le scandale éclate, Houphouët-Boigny le limoge et finit par le parachuter, trois ans plus tard, président de l’Assemblée nationale. Si, en ces temps de parti unique — le Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI) —, cette institution n’est qu’une chambre d’enregistrement, le titulaire du perchoir est, de par la Constitution, appelé à assurer l’intérim en cas de vacance du pouvoir. M. Bédié se trouve donc en pole position dans la course à la succession et peut se mettre à rêver.
Cependant, un intrus fait irruption dans la famille des héritiers : M. Ouattara, pièce rapportée d’un mariage de raison, celui d’Houphouët-Boigny avec le Fonds monétaire international (FMI), sur fond de plans d’ajustement structurel (PAS) (2). Il joue ici le rôle du fils prodigue. Né en Côte d’Ivoire en 1941, bachelier en Haute-Volta (actuel Burkina Faso), il effectue de brillantes études d’économie aux Etats-Unis, où il devient directeur adjoint du FMI. Quand, en 1990, le président le nomme premier ministre — le premier et le seul qu’il ait jamais eu —, le miracle ivoirien a du plomb dans l’aile : les cours du cacao sont au plus bas, la dette du pays a explosé et « le Vieux » (ainsi que l’on surnomme Houphouët-Boigny), fatigué, doit également gérer l’ouverture de son pays au multipartisme. « Alassane l’Américain », technocrate, a l’avantage d’être en dehors du marigot politique et des intrigues de palais. Ce fils adoptif, que personne ne connaît, aurait pu rassurer les prétendants au trône, mais il inquiète : malade et se faisant soigner en Suisse ou en France, « le Vieux » modifie la Constitution pour que son premier ministre puisse gouverner en son absence.
Son profil libéral amène naturellement M. Ouattara à privatiser et à réduire les dépenses publiques. Par la même occasion, il s’attaque à la gabegie qui gangrène l’administration. Il réforme la fiscalité, s’attirant bien des inimitiés parmi les nouveaux assujettis à l’impôt. Peu charismatique et guère populaire, il menace aussi les confortables rentes de quelques barons du régime. On l’accuse déjà de ne pas être vraiment ivoirien, au point qu’Houphouët-Boigny lui-même doit publiquement confirmer l’ascendance de son protégé.
La concurrence qui, en coulisse, fait rage entre les héritiers éclate au grand jour le 7 décembre 1993. M. Ouattara s’empresse d’annoncer le décès du chef de l’Etat à la radio, tandis que M. Bédié lui succède à la télévision pour revendiquer l’intérim présidentiel, comme le prévoyait au départ la Constitution. Le lendemain, M. Ouattara déclare à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il refuse de démissionner. Mais, devant les pressions internationales, françaises en particulier, il finit par renoncer. Ce blocage en préfigure d’autres, plus graves.
L’irruption d’un troisième homme
Reparti au FMI, M. Ouattara se prépare pour le scrutin de 1995. Toutefois, le concept controversé d’« ivoirité » (3), opportunément instauré par M. Bédié, l’empêche de se présenter. C’est alors que l’ancien premier ministre libéral s’allie avec... le socialiste Gbagbo. Celui-ci s’était fait connaître en 1990 en obtenant 18 % des voix face à Houphouët-Boigny lors d’une présidentielle historique où il avait osé défier le père de l’indépendance nationale. Mais, face aux manœuvres du pouvoir, M. Ouattara et son nouvel allié préfèrent boycotter la compétition, finalement remportée par M. Bédié avec 96,44 % des voix. Les deux frères ennemis devront désormais compter avec un troisième homme.
Historien de formation, universitaire, M. Gbagbo est en quelque sorte le fils rebelle. Né en 1945 près de Gagnoa, au cœur du pays bété, il fait son entrée en politique via le syndicalisme estudiantin. S’opposant à l’hégémonie du PDCI, qui contrôle l’université, il est emprisonné à plusieurs reprises : en 1969 (avant d’être contraint de faire deux ans de service militaire « aux fins de redressement », de 1971 à 1973), puis en 1992 par M. Ouattara, alors fidèle premier ministre d’un Houphouët-Boigny bien décidé à conserver le pouvoir. En 1982, c’est dans la clandestinité qu’il fonde le Front populaire ivoirien (FPI), qui adhère à l’Internationale socialiste. Exilé à Paris, il est accueilli par le Parti socialiste français, dont plusieurs membres lui conservent depuis lors une certaine sympathie. Mais le président François Mitterrand, craignant de fâcher son allié Houphouët-Boigny érigé en gardien du pré carré « françafricain », ne le recevra jamais.
Avec le multipartisme, instauré au début des années 1990, M. Gbagbo veut incarner l’opposition officielle. Alors que le père de l’indépendance cultive l’adhésion des populations rurales, le professeur socialiste galvanise un petit peuple urbain paupérisé qui rêve d’un avenir meilleur : des jeunes et des étudiants déclassés qui voudraient tourner la page de l’« houphouétisme ». C’est ainsi qu’il parraine la création de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), syndicat appelé à jouer un rôle décisif dans son ascension politique. En 1995, le secrétaire général de la Fesci n’est autre que M. Guillaume Soro, qui animera la rébellion armée (2002-2006), avant de devenir son premier ministre en 2007, en vertu des accords de paix de Ouagadougou (2006), puis celui de M. Ouattara au lendemain de la présidentielle contestée de 2010.
M. Bédié l’enfant gâté, M. Ouattara le prodigue, M. Gbagbo le rebelle : voilà les trois frères rivaux que laisse derrière lui Houphouët-Boigny. Le 24 décembre 1999, la compétition prend un tour nouveau : un coup d’Etat ourdi par de jeunes militaires en rupture de ban renverse M. Bédié. Le général Robert Gueï prend le pouvoir et met fin à un régime corrompu et impopulaire : c’est la fin du règne du PDCI.
Héritier infidèle, M. Bédié laisse derrière lui le concept d’« ivoirité », ferment d’une division sociale qu’Houphouët-Boigny avait toujours combattue. En effet, le père de l’indépendance veillait à un relatif équilibre dans la répartition des postes de pouvoir, où les diverses ethnies étaient représentées selon leur poids démographique. De plus, jusqu’en 1994, les trois à quatre millions d’étrangers (25 % de la population) dont la force de travail assurait le « miracle ivoirien » pouvaient ainsi voter... Houphouët-Boigny (4).
Après avoir laissé entendre qu’il abolirait l’« ivoirité », le général Gueï change d’avis et se présente à la présidentielle de 2000 — non sans quelques artifices juridiques visant à l’exclusion de ses principaux adversaires de la compétition. Pendant la campagne électorale, il n’est guère question du père de la nation. Les Ivoiriens aspirent surtout à tourner la page de quarante années de PDCI, et la mise à l’écart des deux frères ennemis issus de l’ancien régime, MM. Bédié et Ouattara, ne semble pas susciter les passions, sauf chez les gens du Nord.
Car l’« ivoirité » a instillé un poison dont la Côte d’Ivoire aura du mal à se purger. Les clivages politiques ont fini par recouper les frontières ethniques. L’exclusion de M. Ouattara, au motif qu’il serait burkinabé, écarte du même coup un bon tiers des électeurs, ceux du Nord. M. Gbagbo se trouve alors seul face au général Gueï. Au lendemain de la présidentielle du 22 octobre 2000, comprenant qu’il a perdu, l’officier putschiste ordonne d’interrompre le décompte des voix. Il fait aussi arrêter les membres de la commission électorale et se rend à la Radio-Télévision ivoirienne (RTI), où il se proclame vainqueur.
Le 24 octobre, M. Gbagbo, relayé par les médias internationaux, et notamment Radio France Internationale (RFI), appelle ses partisans à descendre dans la rue. Il ajoute : « Dès à présent, c’est moi le chef de l’Etat de Côte d’Ivoire. » Ses militants marchent sur la RTI, se heurtant aux militaires restés fidèles au général. Les partisans de M. Ouattara, qui manifestent également — ils réclament la tenue d’une nouvelle élection —, seront sévèrement matés avec le soutien de... la gendarmerie.
Le général Gueï mis en déroute, la commission électorale proclame finalement la victoire de M. Gbagbo avec 60 % des voix, mais un taux de participation de 37 %. Les journées postélectorales auraient fait trois cents morts. Le nouveau président le concédera plus tard : « J’ai été élu dans des conditions calamiteuses (5). » La France est l’un des premiers pays à reconnaître la victoire de l’universitaire socialiste ; elle reprendra quelques semaines plus tard sa coopération avec la Côte d’Ivoire, interrompue lors du coup d’Etat de Noël 1999...
L’enchaînement des événements post-électoraux du mois dernier apparaît donc comme le miroir inversé de celui de 2000. En 2010, M. Gbagbo fait tout pour freiner (puis interrompre) le travail de la commission électorale, utilise la RTI pour sa propagande et pour médiatiser sa prestation de serment. En 2010, c’est M. Ouattara qui s’annonce vainqueur sur RFI (et dans la presse étrangère) et appelle ses partisans à descendre dans la rue pour s’emparer du pouvoir. Au risque d’un nouveau conflit ravageant le territoire ivoirien. Car la rébellion armée de septembre 2002, menée par M. Soro, et la partition du pays étaient bien la conséquence d’années d’exclusion du Nord, dont la mise à l’écart de M. Ouattara était devenue le symbole.
Mais la guerre civile (2002-2006) et la paix armée qui l’a suivie (6) ont réveillé le fantôme d’Houphouët-Boigny, dont le règne, fondé sur la florissante économie du cacao, rimait avec paix et prospérité, moyennant quelques subsides savamment distribués à des affidés. Les Ivoiriens ressassent ce « paradis perdu », résumé par une des pensées du « Vieux » qui ouvraient alors le journal télévisé : « Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu. » Bien sûr, ils oublient un peu vite que la dégradation de la situation économique et sociale du pays a commencé bien avant 1993, notamment avec les PAS et la cure de libéralisme infligée par le FMI et la Banque mondiale. Mais c’est un fait que, depuis 1993, le pays n’a plus connu d’embellie. En outre, les Ivoiriens, fatigués de cette interminable guerre de succession, aspirent à la paix. Les trois « fils » l’ont bien compris. Pourtant, leur jeu, au lieu d’amener la concorde, ne fait qu’entretenir les divisions.
M. Bédié, chassé du pouvoir, et M. Ouattara, qui n’a pu y accéder, vont dès mai 2005 constituer une alliance qui sonne comme la résurrection du PDCI. Ils la baptisent Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Au-delà de son aspect tactique, il faut aussi y voir une réactivation de l’alliance, dont Houphouët-Boigny avait fait le socle de son pouvoir, entre les gens du Nord (Sénoufos, Malinkés ou Dioulas) et les Baoulés — qui, ensemble, représentent la majorité de la population.
Face à eux, M. Gbagbo se pose en défenseur de la souveraineté ivoirienne contre les ingérences étrangères, française en particulier. Dès 2001, il menace de renégocier les contrats dont bénéficient les entreprises de l’ancienne puissance coloniale, avec laquelle Houphouët-Boigny a toujours maintenu d’étroites relations. Mais, pour rassembler le maximum d’Ivoiriens, il lui faut aussi s’attirer les faveurs des Baoulés, une ethnie très influente en Côte d’Ivoire.
S’approprier la figure d’Houphouët-Boigny devient alors indispensable, non seulement parce que l’ancien président en était un des représentants les plus illustres, mais surtout parce qu’il incarnait la concorde nationale. Et c’est ainsi que M. Gbagbo va, lui aussi, tout faire pour revendiquer l’héritage du « Vieux », dont il a pourtant combattu la politique et les méthodes autoritaires durant de nombreuses années. Mieux, en 2010 il se présente comme son seul héritier valable.
M. Gbagbo relance ainsi les travaux nécessaires au transfert, voulu par le père de l’indépendance, de la capitale politique ivoirienne à Yamoussoukro, le village natal d’Houphouët-Boigny. Ce dernier avait déjà fait bâtir dans cette bourgade du cœur du pays une basilique pharaonique. Tous ces chantiers sont confiés à l’architecte Pierre Fakhoury, qui se voit aussi attribuer la réfection de la voirie des grandes villes, ainsi que la construction du nouveau palais présidentiel, du mémorial Houphouët-Boigny à Abidjan et du pont Laurent-Gbagbo, destiné à s’ajouter à ceux qui portent déjà les noms d’Houphouët-Boigny et de Charles de Gaulle. M. Gbagbo tente même de rallier la veuve du président défunt, Mme Thérèse Boigny, en rachetant la villa qu’elle partageait avec son époux, avant de la perdre au jeu dans un casino.
En 2010, les trois éléments du « trépied politique ivoirien » (MM. Bédié, Ouattara et Gbagbo) se lancent dans la course présidentielle comme dans une sorte d’affrontement (final ?) pour l’héritage du père de la nation. Mais, au-delà des mots et des symboles, on peut s’interroger sur ce que « le Vieux » leur a réellement légué.
Et la « Françafrique » ?
M. Bédié n’a gardé de son mentor que l’assise ethnique : sans charisme, il fut sans doute l’un des présidents les plus unanimement détestés de Côte d’Ivoire. A la fin de son règne, on l’appelait ironiquement n’zueba (l’ivrogne). Mais, après dix ans d’une crise politique ouverte par le scrutin calamiteux d’octobre 2000, il incarnait sans doute pour les militants du PDCI celui qui avait passé le plus grand nombre d’années auprès du « Vieux », et dont la cassette personnelle restait la mieux pourvue. Quant à M. Ouattara, le statut d’étranger que ses détracteurs lui ont fallacieusement accolé rappelle la vocation « panafricaine » qu’Houphouët-Boigny assignait à la Côte d’Ivoire, sans, à l’opposé de son rival ghanéen Kwame N’Krumah, parvenir à l’envisager au-delà des frontières d’un pays qu’il voulait exemplaire.
Le positionnement de M. Gbagbo semble plus épineux. « Hélas ! tu me ressembles », lui aurait dit « le Vieux » au soir de sa vie (7). Le constat n’est pas entièrement faux. M. Gbagbo est celui qui a le mieux assimilé la géopolitique ethnique de la nation ivoirienne, typique du régime de parti unique qu’il a tant fustigé.
Comme Houphouët-Boigny, il est le plus madré des politiques de son temps : bien plus pragmatique que socialiste. Si, comme le père de l’indépendance, il sait brandir le drapeau national, il n’hésite pas non plus à se comporter en chef coutumier. Ainsi, bien que la polygamie soit interdite en Côte d’Ivoire, il a épousé — selon les rites traditionnels — Mme Nady Bamba, originaire du Nord, un mariage dont les préoccupations électoralistes ne sont sans doute pas absentes. Cette seconde épouse s’est occupée de sa communication en 2010, notamment en direction des populations du nord du pays.
Par ailleurs, M. Gbagbo a recruté comme conseiller M. Issa Malick Coulibaly, l’un des membres de la très influente famille de Gon Coulibaly, le fondateur de Korhogo, principale ville du Nord, dont Houphouët-Boigny s’était fait un très proche allié.
Au niveau des discours, la comparaison s’arrête là. Le père de la nation — qui, du temps de la colonisation, obtint l’abolition du travail forcé — est aussi l’auteur de l’expression « Françafrique ». Pour lui, elle revêt un sens positif puisqu’elle incarne l’alliance bénéfique avec la France d’une Côte d’Ivoire libre. Pour M. Gbabgo, la « Françafrique » illustre la tutelle étrangère : il promet d’y mettre un terme. Si Houphouët-Boigny s’appliqua tout au long de sa vie à tisser des liens avec ses homologues français, de Charles de Gaulle à M. Jacques Chirac, son successeur, pourfendeur de la « Françafrique de papa », s’est, lui, fait le chantre d’une « seconde indépendance (8) ».
Mais, au-delà de l’affichage politique, la rupture masque peut-être une simple… mutation. Comment comprendre la concession, en 2003, du port autonome d’Abidjan à M. Vincent Bolloré, par ailleurs nommé commandeur de l’ordre national de Côte d’Ivoire ? Et que dire des liens entretenus par M. Gbagbo avec M. Robert Bourgi, élève de Jacques Foccart — qui fut l’homme-clé de la « Françafrique » à l’Elysée — et conseiller officieux du président Nicolas Sarkozy ? Que dire encore du fidèle le plus discipliné de M. Gbagbo, M. Charles Blé Goudé, nommé ministre de la jeunesse après le second tour de la récente présidentielle, qui n’a pas hésité, par l’entremise de son entreprise de communication politique, à organiser un événement musical parrainé par le groupe Orange ? Enfin, n’est-ce pas à la France que M. Gbagbo fit appel, en 2002, pour arrêter les troupes rebelles, réclamant l’application des accords de défense de 1961 ? La Côte d’Ivoire de M. Gbagbo pourrait bien être celle d’une « Françafrique » qui, jadis politique et gouvernementale, s’appuie dorénavant sur des entreprises privées.
M. Gbagbo serait-il victime du « syndrome de l’éternel opposant » ? Longtemps écarté du pouvoir par des méthodes peu démocratiques, il tente de s’y accrocher comme à un dû. Ses partisans prétendent d’ailleurs que la guerre civile (2002-2006) l’a empêché de mener à bien ses grands projets... De son côté, le président Sarkozy affiche une certaine distance avec la Côte d’Ivoire : il a compris que tout ce qui vient de l’Elysée peut se retourner contre les Français et leurs entreprises en Côte d’Ivoire. « Je dors mieux depuis que Chirac est parti », aurait lâché M. Gbagbo à son entourage. Le chef de l’Etat français prend d’ailleurs soin, en cette fin d’année 2010, de ne se prononcer qu’après le président américain Barack Obama. Ce qui n’empêche pas la France d’être prise pour cible par les « patriotes » de M. Gbagbo.
Quant à la population ivoirienne, malgré la situation calamiteuse dans laquelle se trouve le pays, il se pourrait que la seule valeur qu’elle ait héritée du « Vieux » soit l’attachement viscéral à l’unité nationale, ou par défaut à l’unité territoriale de la Côte d’Ivoire. Les trois fils maudits d’Houphouët-Boigny y souscrivent-ils toujours ?