Par Charles Gaïky DIENE | Wal Fadjri | Mardi 01 février, 2011 07:28
Seneweb NewsLetter
Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Ua commencent à en avoir assez des tergiversations du Sénégal. Et ils ont demandé hier à Abdoulaye Wade de juger au plus vite l’ancien président tchadien accusé de crimes de guerre.
L’Union africaine veut voir le Sénégal juger Hissène Habré le plus vite possible. Réunis hier à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Ua ont appelé au démarrage rapide du procès, ici, au Sénégal, de l’ancien président tchadien, Hissène Habré, d’après l’Ong Human Rights Watch qui travaille avec les victimes d’Habré depuis douze ans. ‘L’Union africaine a clairement rappelé qu’Habré doit être traduit en justice dans les meilleurs délais’, a déclaré Reed Brody de l’Ong. ‘Les survivants du régime d’Habré se battent depuis vingt ans pour obtenir justice. Il est temps que le Sénégal cesse de se moquer des victimes et en finisse avec ce cirque politique interminable’, a-t-il ajouté.
Cependant, la résolution adoptée hier par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Ua ‘prend note de la volonté du Sénégal de mener à bien ce procès’. Elle appelle donc le gouvernement du Sénégal et la Commission de l’Union africaine à se réunir afin de discuter des modalités qui permettront un commencement rapide du procès, tout en prenant en compte la décision de la Cour de justice de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) de novembre 2010, qui a indiqué que le Sénégal doit faire juger Habré dans le cadre ‘d’une procédure spéciale ad hoc à caractère international’. Et afin de respecter la décision de la Cour de la Cedeao, la Commission de l’Union africaine a proposé la création de chambres spéciales au sein des tribunaux sénégalais, dont les présidents de Chambre, de première instance et d’appel, seraient nommés par l’Union africaine.
En juillet 2006, suite au refus du président Wade d’extrader Habré en Belgique, l’Union africaine avait demandé au Sénégal de le juger ‘au nom de l’Afrique’, ce qu’il avait accepté. Mais par la suite, Wade, que les Ong de défense des droits de l’homme accuseront de traîner les pieds, avait récemment annoncé qu’il ‘en avait assez’ de l’affaire Habré qu’il la ‘renvoyait’ à l’Union africaine.
L’ancien président tchadien est accusé de milliers d’assassinats politiques et de torture systématique pendant qu’il était à la tête du Tchad entre 1982 et 1990, et avant qu’il ne s’enfuit au Sénégal. Habré avait été inculpé pour la première fois au Sénégal en 2000 avant que la justice sénégalaise ne se déclare incompétente pour le juger. Wade qui veut que ce procès se déroule en Afrique avait demandé à l'Union africaine la marche à suivre. Le 2 juillet 2006, l'Union africaine avait demandé au Sénégal de juger Hissène Habré. Le président Wade l’avait accepté, mais refusait cependant de s’exécuter depuis des années, exigeant au préalable le versement de l’intégralité des fonds nécessaires au procès. Le 25 novembre 2010, la communauté internationale qui a réaffirmé sa volonté de faire juger l’ex-dictateur tchadien, avait accepté de financer le procès pour un montant de 5,6 milliards de francs Cfa.