A l’annonce de la décision du conseil constitutionnel, les langues se sont déliées au Palais de la République. Le ton a été donné par le maître des lieux, Abdoulaye Wade lui-même. 
« Vous savez, Youssou Ndour est un fils pour moi, a dit le chef de l’Etat. Je le connais trop bien pour avoir souvent discuté avec lui de ses ambitions pour le Sénégal. Il n’a jamais été dans sa tête de briguer la magistrature suprême. En réalité, ce sont des politiciens en mal de popularité et des soi-disant membres de la Société civile et qui, en fait, sont politiquement partisans, qui sont allés lui proposer le projet de candidature. Par la suite, ils ont actionné tous les réseaux à travers le monde pour se faire entendre et mieux développer leur lobbying ». 

En (grand) commentateur de la candidature de You, le Pape du Sopi ajoute : « Mais nous aussi, nous avons des amis comme eux. Certains ont été contactés pour aider Youssou et ils n’ont pas voulu être acteurs de cette forfaiture. Ils savaient que l’intérêt n’était pas Youssou Ndour Président du Sénégal, parce que, même gagnant, il aurait démissionné pour céder le pouvoir à l’un de ses collaborateurs occultes, à la manière des militaires qui font un coup d’Etat pour ensuite remettre le pouvoir aux civils, et s’enrichir de la gloire de m’avoir battu en 2012. C’est cela un projet de dévolution du pouvoir. Les Sénégalais l’auraient combattu et ce serait le chaos dans tout le pays. Il a raison de dire qu’on a eu peur de sa candidature. Mais c’est strictement sous cet angle, qu’il plonge le pays dans l’abîme ». 

Me Wade qui s’est souvent trop informé, ne s’arrête pas là. Le Secrétaire général national du Pds a aussi étalé toutes ses certitudes sur la candidature du patron de Fékké Maci Boolé. « Ecoutez, pour mettre un terme à une profession que l’on a exercée pendat plus de 40 ans (sic), il faut réfléchir mille et une fois ! Youssou ne s’est pas préparé à abandonner la musique. C’est la même chose d’ailleurs pour cet autre candidat intellectuellement très limité, qui débarqué du perchoir de l’Assemblée nationale, s’est subitement vu présidentiable, alors qu’il n’y avait jamais songé. Croyez-moi, ce sont des encagoulés qui veulent profiter de son aura et de sa popularité pour le dévier de son sillage. C’est un travailleur, il faut le lui reconnaître, il a participé à la construction de ce pays. » 

Le Président de la République n’a pas non plus manqué de railler l’invalidation de la candidature de Youssou Ndour. « Malheureusement pour lui, ses signataires ne remplissent pas les conditions de validation de leur cautionnement de sa candidature », a rigolé le chef de l’Etat. « Qu’est-ce qui lui dit que certains signataires n’étaient mal intentionnés et lui ont fourni de fausses données, sabotant ainsi sa candidature ? Il n’en a aucune assurance. En politique, on n’est pas dans le secret des gens qui vous entourent, et là, il est en pleine politique, pas en affaires où il aurait peut-être flairé certains coups bas et éviter, à temps, les peaux de banane ! Dans son entourage, lui aussi, il n’a pas que des amis sincères, tout comme moi, d’ailleurs, et tant d’autres », a conclu Wade, très prolixe face à ses proches. 

L’Observateur