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Rama Yade : "J’ai besoin de renouer avec une liberté totale"

Borloo-Yade-duo



| 16.06.11 | 11h14 - lemonde.fr




Jean-Louis Borloo et Rama Yade lors d'un "dîner de la République" à Paris, le 9 décembre 2010.AFP/BERTRAND LANGLOIS



Cinq mois après sa nomination en tant qu'ambassadrice de la France auprès de l'Unesco, l'ancienne ministre Rama Yade a exprimé au président de la République son souhait de démissionner. Depuis plusieurs semaines, elle était critiquée par de nombreux responsables de la majorité, qui lui reprochaient son engagement politique au côté de Jean-Louis Borloo et ses critiques contre la politique du gouvernement, jugés incompatibles avec le devoir de réserve imposé par sa fonction.

Au Quai d'Orsay, on explique que vous avez voulu anticiper un départ contraint. Les choses se sont-elles passées comme cela ?

Rama Yade : Non, je ne pense pas qu'il y aurait eu un départ contraint… L'objectif des rappels à l'ordre était de me priver d'expression, de me faire renoncer à mon soutien à Jean-Louis Borloo. Me démettre de mes fonctions m'aurait rendu ma liberté, ce qui n'était pas précisément le but.
Cette liberté, j'ai décidé de la prendre. Jean-Louis Borloo est en train de mettre en place ses équipes. Il veut me confier des responsabilités, ce qui suppose de retrouver du temps pour m'investir complètement. J'ai également décidé de m'engager pour être élue au Parlement.
J'ai exprimé au président de la République, tout en le remerciant de m'avoir nommée, ma volonté de rendre le poste et de m'en expliquer de vive voix. Je lui ai expliqué mon souhait de m'investir dans la campagne de M. Borloo. J'ai besoin de renouer avec une liberté totale.

Avez-vous été surprise d'apprendre votre prochain départ dans la presse ?

Une fois qu'on a fait une démarche comme la mienne, il y a des chances que ça sorte par d'autres canaux, ce n'est pas bien grave.

M. Borloo évoque les pressions que subit son entourage. Avez-vous eu l'impression de faire l'objet de pressions ?

Bien sûr, qu'il y a des pressions : sur les députés, les élus, sur moi-même. A l'invective, il faut opposer l'élégance et le sens de l'honneur. Tellement de gens sont prêts à troquer leurs valeurs contre des faveurs que je m'honore de rester fidèle à mes engagements.

Dans les couloirs, on vous reprochait également de ne pas vous être investie dans votre travail d'ambassadrice…

Ils n'en savent rien. Je pense que beaucoup de gens ne prennent pas la peine de se renseigner sur ce qui se passe à l'Unesco, qui est une organisation fantastique, et qu'ils ne visitent hélas pas souvent… J'ai demandé au président de choisir le moment opportun de mon départ. C'est parce que j'ai le souci premier de l'intérêt de la France à l'Unesco.

Quand votre départ sera-t-il effectif ?

Je pense qu'il l'est. Je vais juste transmettre les dossiers dans de bonnes conditions.

L'argument de l'obligation de réserve vous convainc-t-il ?

On m'avait dit, avant que je sois nommée, qu'il y avait un ambassadeur auprès l'OCDE [Roger Karoutchi, également ancien ministre], qui avait des fonctions politiques et que ça ne posait pas de problème.
Ce qui vaut pour l'un, qui soutient Nicolas Sarkozy, ne vaut donc pas pour l'autre… On a sans doute voulu utiliser ce poste pour me faire renoncer à la politique. Mais ma priorité, c'est la politique. Ma liberté se trouve encore plus grande.

 

Propos recueillis par Pierre Jaxel-Truer
Article paru dans l'édition du 17.06.11

KHADHORMEDIA 16.06.2011 0 1532
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