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Eclairage sur l’histoire précoloniale des Baoulé de Côte d’Ivoire [ Part. II

Les Aowin mettent à profit ce moment de trêve pour activer l’achat des armes à feu. Mais en mars 1718, ils rompent la trêve et Ebiri Moro à la tête de leurs armées, lance une expédition contre Kumase où il ne rencontre aucune résistance, les Ashanti étant occupés à leur guerre contre l’Akyem [38].

 

C’est trois ans plus tard soit en 1721 que les Ashanti ripostent par une attaque massive et parviennent enfin à vaincre l’Aowin [39].

 

La grande migration des populations de l’Aowin (Agni, futurs baoulé assabou et les Akyé qui se sont rassemblés à Asseudji) a donc commencé en 1721 pour s’achever vers 1725.

 

3- Traditions orales des Suamanla de Dadièsso et des Ashanti de l’Ahafo

 

Les Suamanla de Dadièsso disent que leurs ancêtres sont des Ashanti originaires de Kokofu Kenyanse qui, sur ordre du roi Opoku Ware, pourchassaient Ebiri Moro coupable d’avoir attaqué Kumase et fait assassiner la reine-mère au moment où les Ashanti guerroyaient contre les Akyem.

 

Ils avaient à leur tête deux chefs guerriers nommés Nana Yentumi et Kwasi Nyandakyi. Ils ont rencontré dans la région de Dadièsso des Baoulé gouvernés par Tano Adjo et des Akyé dont le chef s’appelait Oben Aka. Le village où résidait Tano Adjo se nommait Ahali [40].

 

Ce personnage n’est autre que la fondatrice du royaume Elomouen de Tiassalé, présentée comme une parente directe de la reine Abraha Pokou [41].

 

Voilà qui une fois encore, confirme ma thèse au sujet de la période et des évènements qui provoquent la migration assabou. Les traditions orales des Ashanti de l’Ahafo précisent que ce territoire qu’ils occupent a été annexé au détriment de l’Aowin par Opoku Ware qui y a placé des contingents chargés de veiller à la docilité des aowin et de faire la chasse pour le bénéfice de la cour royale.

 

Les guerriers ashanti arrivés dans cette région pourchassaient Ebiri Moro [42].

 

La conquête de l’Aowin par l’Ashanti s’est donc faite sous Opoku Ware provoquant la migration des futurs baoulé assabou et de leurs hôtes agni. L’expulsion des Ahali un peuple qui s’est intégré à la fois à l’ethnie agni et à l’ethnie baoulé témoigne de cette réalité historique [43].

 

[38] 218 NBKG 82 El Mina journal, march 21, 1718, from Van Munnikhoven, Axim. « On a rapporté à propos des Ouwiens qu’ils sont revenus de chez les Assiantyns avec un butin considérable au nombre duquel 20.000 femmes et enfants et qu’ils ne trouvèrent aucune résistance et qu’ils ont exhumé les morts assiantyns. On dit qu’ils auraient trouvé beaucoup d’or et de perles et qu’ils viendraient dans peu de temps faire la traite. » Journal du DG Butler, 21 mars 1718, cité par E. TERRAY, op. cit., p. 751.

 

[39] Lettre de Muller, Axim 18 novembre 1721, cité par E. TERRAY, op. cit., p. 752.

 

[40] Henriette DIABATE, Le Sannvin, un royaume akan de la Côte d’Ivoire, 1701-1901. Sources orales et histoire. Thèse d’Etat, Université de Paris I, UER d’Histoire, vol VI, 701p. Enquête de K.Y.DAAKU à Dadiésso en 1971, in H.DIABATE ; Op.cit, p.474-475 & 477.

 

[41] Cyprien ARBELBIDE, op cit., p. 4.

[42] Kwame ARHIN. « On the hwesoni caretaker category of land holding in Ahafo land tenure », Research Review, vol 2, n0 1, IAS ; university of Ghana Legon, pp 68-73.

[43] Il y a des Baoulé Ahali à Brobo et des Agni Ahali à Tiémélekro.

 

4- L’expédition ano (tiokossi) dans le Sansani Mango

 

Cette expédition s’est déroulée à partir du pays ano et comprenait des aventuriers de souches diverses, mais principalement ano et des éléments baoulé assabou [44].

 

Elle a abouti à Kunkum (Kunjogu), actuel Sansani Mango [45]. En se référant au Kitab Ghunja, l’on situe l’expédition tiokossi en l’an 1751 de l’ère chrétienne [46].

 

Il faut ici comprendre que les Baoulé sont dans leur nouvel espace depuis quelques annéesdéjà , et certains peuvent à nouveau, en compagnie des Ano, se lancer dans une nouvelle aventure.

 

5-Les ambassadeurs Asandrè à Niamonou

 

La tradition des Baoulé Assabou soutient qu’une ambassade ashanti avec à sa tête Asante Yeboa s’est rendue à Niamonou, où elle fut reçue par Bouanli Abo la reine mère des Faafoè et par Malan Kpandji le chef des Sa (Safoè) du Ndranouan.

 

Elle venait au nom du roi Opoku Ware, demander le retour des Assabou en Ashanti [47]. Devant le refus des Assabou d’accéder aux souhaits du monarque ashanti, il fut demandé à ces envoyés de s’établir dans le baoulé afin d’échapper aux foudres de leur maître pour avoir échoué dans cette mission.

 

Cette tradition confirme que le départ des Assabou du pays ashanti fait suite à la lutte pour succéder à Osei Tutu, et non à celle pour succéder à Opoku Ware. Ces Ashanti postérieurement établis dans le baoulé ont créé le village nommé Asandrè.

 

 

[44] R.P.A. PROST, La langue des Anufom de Sansanne-Mango. Documents linguistiques, université de Dakar, n° 3, 80 p.

 

[45] A.A. ILIASU. Mamprugu. The oral traditions of its people. Northern history scheme, University of Ghana Legon, department of history, vol I, p.47.

[46] G.N. KODJO, « Notes et documents sur l’histoire du Nord-Est de la Côte d’Ivoire : l’époque pré-coloniale. » Annale de l’université d’Abidjan, série i, tome XIII, histoire, 1985, pp 209-222.

 

[47] Salverte MARMIER, Op. cit., p 27.

 

b- Quelques faits historiques à élucider

 

1- Les points de passage des migrants

 

Tous les Assabou n’ont pas franchi le Comoé par les rapides de Malanmalanso dans le pays agni béttié. Certains sont passés en amont du fleuve et d’autres en aval.

 

D’après la tradition orale de Béttié le nom véritable de Malanmalanso est Njelieso [48]. C’est déjà un indice qui permet de douter de la thèse qui fait de Tiassalé une étape commerciale du peuplement assabou.

 

En outre, des Ahua qui se sont directement installés dans le bas-bandama, ont été les compagnons d’exode des Ahali fondateurs de Tiassalé et dirigés par Tano Adjo. La fraction des Ahua qui a migré sous la conduite d’Adjoka Panyi dit avoir franchi le Comoé au lieu appelé Ahouamalan qui est différent de Malan malanso [49].

 

Il faut avoir à l’esprit que les migrants ont fait des détours, si bien que c’est en plusieurs points de passages qu’ils ont franchi le fleuve Comoé.

 

2- A propos du nom baoulé

 

L’explication donnée au nom baoulé de loin la plus connue est celle de Maurice Delafosse. Elle est liée à la légende de l’enfant de la reine qui, sera sacrifié aux esprits des eaux du Comoé pour permettre le passage des migrants.

 

Le peuple prend alors le nom « Baouli » qui signifie l’enfant est mort [50]. C’est une légende, et nous la prenons comme telle. J.N. Loucou explique le nom baoulé en ces termes :

 

« Quel drame que d’enfanter et d’infliger la mort » [51]

 

Cette version est plus raffinée, mais n’est pas fondamentalement différente de la première car, elle fait référence au sacrifice de l’enfant.

 

Des cartes anciennes permettent d’affirmer que le nom baoulé a existé longtemps avant la migration assabou [52]. Elles font état de Bacorees, une zone du nord de l’Aowin où furent sans doute installés les Assabou par les Agni, de sorte que cet endroit a donné son nom à ces nouveaux habitants.

 

Une explication plausible du nom baoulé est celle-ci : « Ba » [53] veut dire enfant ou noble. Son pluriel est « Wa ».

 

« Wole » signifie naissance ou accouchement. Baoulé peut donc signifier de naissance noble.

 

 

[48] H. DIABATE. Op cit, vol VI, p. 311-312 & 342.

 

[49] ATTOUEMAN Kouamé Jean. Qui sont les Ahua d’Aniassue ? D’après les enquêtes menées dans l’Ahua (région d’Abengourou). Université de Côte d’Ivoire, mémoire de licence, faculté des lettres et sciences humaines, département d’histoire, 1983-1984. 69 p.

 

[50] M. DELAFOSSE. Essai de manuel de la langue agni. Paris, 1900, p. 163.

 

[51] J.N. LOUCOU, « Entre l’histoire et la légende... », op. cit., p. 49.

 

[52] T. C. WEISKEL. Op cit, p 7. " Map of Africa" par Todocus Hondius (1606), carte de Matthaus (1638), carte de Petrus Bertius (1638), carte de John Speed (1662), carte d’Alexis Hubert Jaillot (1674).

 

[53] Les Baoulé eux-mêmes disent « Wawole » au lieu de Baoulé.

 

3- Identification des groupes de la migration assabou et faits historiques les concernant

 

Les groupes baoulé qui appartiennent à la migration assabou sont les suivants : Walebo, Faafoè, Safoè, Ahali, Nanafoè et Nzipri. Les Suamenle relèvent de cette migration, mais leur cas est particulier, car ils sont des Suamanla qui ont pourchassé les Ahali jusqu’à ce nouvel habitat qu’est le bas-bandama. Après la traversée du Comoé, les migrants qui ont suivi la reine Abraha Pokou se sont rassemblés à Niamonou et en général dans le Ndranouan. D’autres comme les Ahali dirigés par Tano Adjo et les Nanafoè se sont installés dans le bas- bandama. Les Nanafoè sont une fraction du peuple Ahua [54]. En cela, l’histoire des Nanafoè du baoulé est liée à celle des Agni Ahua.

 

A la suite de querelles intestines avec les Ahali de l’Elomouen, des Nanafoè reçoivent de la reine Akoua Boni, l’autorisation de s’installer aux environs de Tiébissou [55].

 

Ces querelles poussent d’autres Ahua à quitter Tiassalé pour fonder Ahua sur le cours inférieur du Bandama [56].

 

Cependant des Ahua sont démeurés à Tiassalé où, ils forment le groupe Mandou. Mais leur direction politique se trouve à Ahua. Sans doute au lendemain de la conquête de la région au détriment des Battrafoè, une lutte pour le pouvoir s’est engagée entre Ahali et Ahua.

 

C’est pendant le règne de Kadia Sèmou deuxième successeur de la reine Tano Adjo, que le conflit s’est accentué, poussant Tano Aka le chef des Ahua à s’en aller avec ses partisans pour créer le village d’Ahua [57]. Ce sont les Ahali qui ont eu le dessus, car le siège principal du royaume Elomouen porte le nom Tano Adjo.

 

Les ancêtres des Nanafoè d’après les récits allaient à moitié nus, arborant un tison ardent, attitude révélatrice du matriclan auquel ils appartiennent, celui des Aduana (Abrade, Ahua, Sawua). Ces derniers sont vus comme les premiers habitants de la terre dans le monde akan, d’où le nom Nanafoè (ancêtres) attribué aux Baoulé d’origine Ahua.

 

Les Baoulé Ahali et Safoè, ont indubitablement une partie de leur histoire qui est commune d’avec celle des Agni Ahali. Le peuple Ahali s’est donc intégré aussi bien à l’ethnie baoulé qu’à l’ethnie agni [58]. Les Safoè ont suivi la reine Abraha Pokou dans le Ndranouan. Parmi leurs dirigeants, l’on cite le chef Malan Kpandji et l’aÏeule Moo Tenin [59].

 

Le nom Sa/Safoè trouve sa véritable explication en Twi. Il signifie « guerre/guerriers ». Le nom Ahali a pour racine Aha, terme qui sert en baoulé à nommer les Ashanti ou le pays ashanti en général.

 

Les Ashanti eux-mêmes appellent / aha / la chasse, d’où le nom Ahafo donné aux Ashanti chargés par Opoku Ware de fournir la cour royale en gibier, après l’annexion de l’Ahafo territoire anciennement aowin.

 

 

[54] Salverte MARMIER. Op. cit., p. 27.

 

[55] Salverte MARMIER, op. cit., p 27.

 

[56] M.J. TRIAUD, « Un cas de passage collectif à l’Islam en basse Côte d’Ivoire au début du siècle : le village d’Ahua », Colloque inter-universitaire Ghana-Côte d’Ivoire. Université du Ghana, Legon ; université de Côte d’Ivoire, Abidjan. Bondoukou, 1974, pp 542-574.

 

[57] M.S. BAMBA, « La formation d’une ethnie Baule... », op. cit., p. 82.

 

[58] Des Agni Ahali vivent dans le Moronou, dans la sous-préfecture actuelle de Tiémélekro. Patrimoine, Radio Côte d’Ivoire. Tiémélekro, 16 décembre 1991. H. DIABATE. op. cit., vol VI, p. 362-363, 376.

 

[59] Salverte MARMIER, Op. cit., p 27. &Patrimoine, Radio Côte d’Ivoire, Mougnan, sous-préfecture de Toumodi, 21 mai, 1990. Les Sa/Safoè.

 

Le baoulé-sud a été peuplé directement à l’aube de l’exode assabou. Des Ahali et des Ahua s’y sont installés pour créer le royaume Elomouen. C’est l’expédition d’Adjé Boni dans le bas- bandama qui a fait dire que Tiassalé est né d’une étape commerciale alors qu’il n’en est rien.

 

Adjé Boni a été chargé par la reine Akoua Boni de porter secours aux Elomouen victimes d’agresseurs venus de l’Est dont les traditions orales disent qu’ils étaient des Nzandrè (Ashanti) [60]. Ces agresseurs n’étaient autre que les futurs Baoulé Suamenle autrement dit les Suamanla qui depuis la région de Dadièsso ont pourchassé les Ahali. Adjé Boni et ses hommes parviendront à vaincre les Suamenle. Cet épisode est évoqué par les traditions orales de Taabo avec des récits forts imagés.

 

La reine Akoua Boni aurait envoyé des messagers auprès des Suamenle, leur réclamer des « Kanwu », barres de fer utilisés dans la confection des armes et des outils. Ces derniers ont retorqué que les termites les avaient mangées. La reine leur répond qu’elle enverrait des poulets picorer ces termites.

 

Les Suamenle seront vaincus et condamnés à verser 100 Ta de poudre d’or (Taya ) comme tribut de guerre. Les premiers chefs des Suamenle, vaincus de cette guerre sont Krowa Bilé et Kouassi Kotoko. Les Suamenle ont fait escale à Gbakakou, avant de fonder Léléblé et Taabo [61]. Ils comptent aujourd’hui sept villages et se sont installés sur des terres déjà habitées par des Akpatifoè.

 

Adjé Boni et ses guerriers s’installent à Tiassalé où ils forment le groupe Wandié- Agoua autrement dit des membres et des représentants du clan royal de Walèbo. La mission d’Adjé Boni était avant tout militaire, mais la paix qu’elle a instaurée dans le bas-bandama a été favorable aux échanges commerciaux entre le littoral et l’intérieur, le bas-bandama servant de relais et Tiassalé de plaque tournante.

 

A la fin de la campagne militaire d’Adjé Boni, l’Elomouen tombe dans la sphère d’influence de Walèbo car ses dirigeants ont déclaré être eux-mêmes la prime de guerre de la reine Akoua Boni. Autrement dit ils se reconnaissent sujets de celle-ci. En effet elle les a délivré des larmes de guerres (Elomouen) qu’ils versaient [62]

 

Tiassalé la capitale des Elomouen était un village anciennement peuplé par les Battrafoè. Il signifie sur le sanctuaire de Tiassa l’esprit du Bandama en ce lieu.

 

Agoua le nom du clan royal de Walèbo d’après M. Delafosse signifie la place où l’on se réunit pour discuter des affaires du pays. Les assemblées se tenaient sous l’arbre Walè qui a donné son nom au peuple Walèbo [63] A notre avis, Agoua est la traduction en langue baoulé du mot (A)kwa en Twi, racine du nom Kwaman (peuple Kwa)le petit royaume qui sera à l’origine de la grande confédération ashanti.

 

Les Agoua sont donc les originaires de Kwaman. Les Faafoè appartiennent à une branche du groupe Agoua. Leur nom dit-on viendrait de ce qu’ils formaient l’aile droite de l’armée assabou (Famafoè).

 

Pour nous, / Fa / un ancien titre akan de noblesse, un titre royal, explique le nom Faafoè. Les futurs Baoulé Nzipri formaient avec les futurs Agni Assiè un même peuple. Ils n’étaient pas que de simples compagnons d’exode [64]. Leurs traditions orales soutiennent ensemble, que leurs ancêtres sont sortis de terre près de Bantaman en Ashanti [65].

 

Au cours de l’exode , ils sont passés par Bosomoasso une localité qui se trouve dans le Sahié Wioso, et dont les traditions affirment que leurs ancêtres sont originaires d’Apremso un quartier de Kumase [66].

 

Les Nzipri et les Assiè formaient au départ un même peuple, des Ashanti du quartier Apremso qui se sont réfugiés en Aowin, puis au cours de l’exode assabou sont passés par Bosomoaso en zone sahié wioso.

 

Tandis qu’une fraction s’intègre au peuple Baoulé et prend le nom Nzipri, l’autre fraction s’intègre au peuple Agni et prend le nom Assiè [67]. Au sein des migrants Assabou, il y avait des groupes d’origine denkyira comme les sujets du chef Abili Tchimou. Ils sont appelés Assabou-Alanguira.

 

L’on s’étonne que les migrants akan, aient pu en si peu de temps occupé un aussi vaste territoire que celui du baoulé actuel. Nonobstant l’apport démographique des populations pré-baoulé, et le manque de données chiffrées, nous affirmons que les migrants akan étaient nombreux. L’on s’en rend compte rien qu’en énumérant les groupes qui ont participé à la migration alanguira et à la migration assabou.

 

Au demeurant, le nom assabou veut dire guerriers innombrables. En outre, les migrations postérieures à la migration assabou comme celles des Aitou, des Asandrè et des Ngban, vont renforcer la démographie des populations de souche akan.

 

 

[60] M.S. BAMBA, « La formation d’une ethnie Baule... », op cit, p. 7.

 

[61] Essai monographique du village de Taabo par les étudiants de la 2ème année de duel, 1975-1976, Kasa bya kasa : IES, université d’Abidjan, juin 1977. / Ta / est une unité de mesure de la poudre d’or chez les Akan.

 

[62] M. S. BAMBA. Thèse de 3ème cycle, op. cit. p 294-298.

 

[63] Cité par T. C. WEISKEL, op cit., p 8.

 

[64] KOUAME Aka. Origine et évolution du Ngatianou jusqu’à la colonisation. Mémoire de Maîtrise, université de Côte d’Ivoire, faculté des lettres, département d’histoire, octobre 1979, p 34-44.

 

[65] BIO Sawe Ishola. Etude socio-économique du Moronou : les villages Assiè à partir de la culture du café et du cacao 1920-1957. Mémoire de maîtrise d’histoire, université de Côte d’Ivoire, faculté des lettres, département d’histoire, Abidjan, 1982, p. 175. KOUAME Aka op. cit , pp. 35-44. Connais-tu mon beau pays ? Radio Côte d’Ivoire ; Akakro Nzipri, lundi 22 avril 1990.

 

[66] K. Y. DAAKU. Unesco research project on oral traditions, part II, Sefwi Wiawso. IAS, January ; 1974, n° 4, p 104.

 

[67] Le nom « Assiè » veut dire terre et permet de se souvenir de la tradition qui veut que les ancêtres aient surgi de terre. « Nzipri », à notre avis vient des mots « Nziè », pluriel d’assiè, et « pri » : gros / grand. Nzipri veut donc dire « les grands Assiè ». Curieusement les traditions de Bosomoaso parlent d’un trou d’où sont sortis des gens. Voir K. Y. DAAKU. Op cit, part II, Sefwi Wiawso, p 104.

 

C-LES MIGRATIONS POSTERIEURES A LA MIGRATION ASSABOU : LES MIGRATIONS AITOU, ASANDRE ET NGBAN

 

1-La guerre ashanti- bono et le peuplement Aitou.

 

Les traditions orales des Baoulé Aitou, sont celles qui insistent beaucoup sur le passage des ancêtres par la région de Kong, et la traversée du Comoé aux confins de celle-ci, venant de l’Est [68]. La tradition orale des Aitou du quartier Afotobo d’Angonda, se trompe au sujet du monarque régnant de Kong, au moment de l’exode.

 

Elle parle de Karamoko Oulé alors que ce personnage n’a jamais été roi de kong et a vécu vers la fin du 19ème siècle. Le souverain de Kong au moment du passage des Aitou ne pouvait qu’être Sekou Ouattara [69].

 

La présence du préfixe / Lomo / dans les noms donnés aux premiers villages aitou de l’histoire, à savoir Lomokankro et Lomotinguèbo, est l’indice qui nous a donné une idée du pays d’origine des Aitou. En effet Lomo est la prononciation en baoulé du nom Djomo une composante du peuple Bono fondateur du royaume bono, un royaume akan du Brong au nord de l’Ashanti.

 

Des Djomo vivent à Gomoa dans le Fanti. Ils sont aussi les fondateurs du royaume Adjomolo, royaume mère de l’Etat Nzema, et de la chefferie de Takyiman. Des Aitou dénommés Awutu vivent en Efutu dans la région de Winneba sur le littoral fanti [70].

 

La migration des Aitou est liée à un évènement historique important du monde akan. Il s’agit de la défaite du grand royaume Bono face à l’Ashanti entre 1722 et 1723. Le document hollandais qui y fait allusion dit en substance : « Les Assiantyns ont remporté une grande bataille contre un district qui est situé derrière eux, ce district était environ trois fois plus fort qu’eux, mais ils l’ont vaincu » [71]. La date d’émission du document, à savoir 1724, fait penser que cette guerre a eu lieu entre 1722 et 1723.

 

Les Aitou atteignent le Baoulé certainement entre 1724 et 1725. Le nom aitou témoigne de leur hétérogénéité, car ils formaient différents sous-groupes Bono et Guan.

 

Le second nom des Aitou à savoir Atoutou,vient d’Afoutou terme akan qui veut dire réfléchir, émettre des pensées positives et avoir des idées intelligentes. En effet les Aitou ont la réputation dans le pays baoulé, de trouver des solutions aux problèmes complexes.

 

C’est cela qui leur a valu le surnom d’Afoutou ou Atoutou.

 

 

[68] Connais-tu mon beau pays ? Angonda (Afotobo, Nsieso), lundi 20 avril 1990. Radio Côte d’Ivoire.

 

[69] N.G. KODJO. Le royaume de Kong. Des origines à 1897. Thèse d’Etat, Aix-en Provence, 2 t.

 

[70] A. DE. SURGY. Elément de tradition orale concernant l’histoire du littoral fanti et ahanti. Institut d’Enseignement Supérieur du Bénin, centre de recherches appliquées, sciences humaines, p 23-27.

 

[71] D.G. Beus à l’assemblée des Dix, 8 janvier 1724. Wic 1067, Furley collection, cahier n0 42, cité par E. TERRAY. Op cit. p 761 : 3-« La guerre de Bote ( Bote Sa ) et le peuplement Ngban. »

 

2-L’ambassade envoyée sur ordre d’Opoku Ware et le peuplement Asandrè.

 

Cette question a été largement abordé lorsqu’il s’est agi dans les pages antérieures de fixer des repères chronologiques pour appréhender la période du peuplement assabou. Les Asandrè sont des ambassadeurs arrivés dans le Ndranouan afin de demander au nom du roi Opoku Ware, la réconciliation avec les Assabou et leur retour en Ashanti.

 

Finalement leur requête sera rejetée et ils se résoudront à s’établir eux-mêmes définitivement dans le Ndranouan.

 

Nous situons l’arrivée des Asandrè dans le baoulé autour de 1732 car la reine Akoua Boni avait déjà quitté Niamonou pour Walèbo. Or, les départs du Ndranouan comme nous le verrons ont commencé autour de 1730.

 

Le peuplement Ngban est le résultat de la toute dernière migration qui a déferlé sur le pays baoulé. Les Ngban disent les traditions orales étaient des guerriers redoutables, en nombre fort considérables de sorte que leur arrivée sur les rives du Comoé a effrayé les Ano et les Baoulé.

 

Ils négocieront cependant de manière pacifique leur installation. Ils se sont installés dans l’Ano depuis Kameleso jusqu’à Prikro, en donnant corps à deux groupes, les Ngban Bidjoso et les Ngban Yenga [72].

 

Quand les Ngban arrivent dans le pays baoulé, leurs chefs sont reçus avec bienveillance à Walèbo par la reine Akoua Boni. Elle leur offre un grand tambour dénommé Hosorè Koko (l’on a peur de toi ) [73]. Cela traduit bien la peur provoquée par la venue massive des Ngban.

 

Parmi les chefs de la migration ngban, l’on cite Akanza Djohoun, Assemian Koua, Awura Kafou qui est mort noyé au moment de la traversée du Comoé et l’aÏeule Bandji Afia [74]

 

Maurice Delafosse n’était pas loin de la vérité lorsqu’il liait la migration des Ngban aux invasions ashanti dans l’Abron Gyaman [75]

 

Ce sont plutôt les guerres des Ashanti aidés de leurs alliés Abron et Brong contre le pays Ngbanya (Gonja) qui expliquent la migration ngban. Le Kitab Ghunja situe ces guerres appelées Bote Sa par les Bono de Takyiman, en l’an 1145 de l’hégire, soit en l’an 1733 de notre ère. Ces guerres ont principalement touché le Gonja, pays situé au nord du Brong. Les Wenchi au cours de cette guerre ont fait une incursion chez les Guan Dumpo de Bui.

 

La localité dumpo d’Old Bima sera conquise par des contingents ashanti dirigés par le chef guerrier de Nsumankwa Asabere. Les Bono de Takyiman, les Nkoranza et les Banda ont participé à cette guerre contre le Gonja [76].

 

C’est donc autour de 1734 ou 1735 que les Ngban arrivent dans le baoulé. L’idiome des Ngbanya, le Ngbanyito est un dialecte guan [77]. Les Gonja ainsi nommés par les Haoussa, sont appelés Kaboya/Kwaboya par les Bono, mais eux-mêmes se nomment Ngbanya et leur pays s’étend de Kintampo à Tamale [78].

 

Les travaux de Fynn ont montré que les Guan ont une langue qui s’apparente au Twi et que leur organisation socio- culturelle ancienne est proche de celle des Akan. Ils sont vus comme des proto-Akan. [79].

 

Le lien étymologique entre Ngban du baoulé et Ngbanya du Gonja est évident. Ce sous-groupe baoulé a donc conservé son nom d’origine qui est aussi celui du pays de ses lointains ascendants, des populations de souche guan.

 

D’après M. Delafosse, les Ngban doivent leur nom au fait qu’ils marchaient en boitant comme s’ils avaient des vers de guinée aux pieds. La tradition orale des Ngban de Tchindjekro refuse cette version, et affirme que leur nom est lié au séjour de leurs ancêtres près du rocher Kpanyoboè dans le Djimini [80].

 

Nous pensons qu’à ce sujet la tradition orale des Ngbanya du Gonja pourrait donner une version plus intéressante.

 

 

[72] M. DELAFOSSE. Op cit. p 205. OUATTARA Siriki op cit. p 300-301. Il ne faut pas confondre Ngban et Ngen (Ga). Ils appartiennent à des migrations différentes.

 

[73] Connais-tu mon beau pays ? Radio Côte d’Ivoire, Akakro Ngban, sous- préfecture de Toumodi, 13&14 août 1990.

 

[74] Patrimoine, Radio Côte d’Ivoire, Tchindjekro, département de Yamoussoukro, lundi 24 août 1992.

 

[75] M. DELAFOSSE, op. cit. p 205.

 

[76] R. D. MATHEWSON « Some notes on the settlements mounds of central Gonja », Research review, IAS, vol 4, n0° 2, 1968. E. TERRAY, op. cit., p. 768-769.

[77] Jack GOODY, « Ethnohistory and the Akan of Ghana », Africa, vol XXIX, n° 1, Londres, Oxford University Press, january 1959, pp 67-81.

[78] D.M . WARREN, K.O. BREMPONG, Techiman traditional state, part I, stool and town histories. Techiman, Ghana, 1971, IAS, university of Ghana Legon, 176 p. Peter L. SHINNIE, « Archeology in Gonja, Ghana » Mélanges en homage à Raymond Mauny. Société française d’histoire d’Outre-mer, Paris, 1981, pp. 66-70.

 

[79] J. K. FYNN, « The Etsi of Ghana », Ghana social science journal. University of Ghana Legon, 1975, pp 96-110.

 

[80] Patrimoine, Radio Côte d’Ivoire, Tchindjekro, lundi 24 août 1992.

 

- Conclusion

 

Cet article montre bien que le peuplement du pays baoulé a été complexe.

 

Il faut distinguer le peuplement pré-assabou, le peuplement assabou et enfin le peuplement post-assabou.

 

La question non moins complexe de la période exacte de la migration et du peuplement assabou trouve à travers notre article des réponses intéressantes grâce aux sources hollandaises.

 

Les traditions orales de peuples concernés par l’histoire des Baoulé comme les Ashanti de l’Ahafo, les Suamanla de Dadièsso, les Sahié de Bosomoaso, les Agni Assiè et les Agni du Béttie nous éclairent sur maintes questions restées jusque là sans réponses.

 

Nous voyons comment les Assabou des locuteurs du Twi ashanti ont adopté une variante de la langue agni après leur séjours en Aowin. Comment les Ahali, les Ahua et les Assiè se sont intégrés aussi bien à l’ethnie baoulé qu’à l’ethnie agni.

 

Comment les migrants assabou sont passés en différents points du fleuve Comoé et comment des Suamanla futurs baoulé Suamenle ont pourchassé les Ahali jusqu’au bas-bandama.

 

Bref, notre article apporte un éclairage nouveau sur le passé pré-colonial des Baoulé. Et nous comptons à travers une autre publication, trouver des réponses à des questions comme celles de la diffusion des hommes dans le baoulé-sud et de l’existence d’un Etat baoulé.

KHADHORMEDIA 16.08.2011 0 12052
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