Mais, avant qu’il n’arrive, devant certainement l’aggravation du mal, il est amené dans un premier temps à la clinique Sandof. Le Sambiiga national arrive à cette clinique au moment où des soins étaient en train d’être donnés au malade. Il restera de longues heures pour soutenir la famille de l’artiste avant de se retirer. Vers 3 heures, celle-ci le rappelle pour l’informer que Georges a été transféré à la clinique du Cœur.
Trente minutes après, c’est le fils du Gandaogo national qui lui annonce que son géniteur vient de s’éteindre. Eh oui ! Ainsi se sont déroulées les dernières heures de la vie terrestre d’un des baobabs de notre musique. Surprenante, la nouvelle a aussi abattu le moral de bon nombre de Burkinabè.
Mais que peut-on retenir de la riche carrière du disparu ?
Né en 1947, à douze kilomètres de Ouagadougou, dans le village de Gogo, il fréquente, dès la fin des années 50, le Tico Tico Bar, où se produisent l’Ivoirien Antonio et ses Cha Cha Cha Boys, appelés aussi Orchestre Tico Tico. C’est en 1965 qu’il a embrassé la musique par l’intermédiaire du musicien Jean Hyacinthe Tapsoba pendant qu’il était ramasseur de matériel de musique. Après son séjour ouagalais où il a joué avec Antonio et ses “Cha Cha Cha Boys”, il se rend à Bobo-Dioulasso la même année et intègre le Volta Jazz comme tumbiste s’intéressant de temps à autre à la batterie.
Il y compose sa première chanson « Mam kamisoye » en 1967, prend confiance en lui-même et décide de se rendre en Côte d’Ivoire en 1969 pour poursuivre sa carrière. Là-bas, Georges débute au “Quartier Latin” sous les conseils du trompettiste Fax Clark. Il devient un excellent batteur et rejoint les “Freemen” d’Abidjan qu’il quittera en 1971 pour le “New System Pop”. C’est au cours de cette année que le célèbre musicien ivoirien Jimmy Hyacinthe l’invite à se joindre à lui et à Rato Venance pour créer le non moins célèbre groupe Bozambo (qui signifie en langue moore « diminuer la tricherie ») qui fit pendant trois ans le bonheur des meilleurs night-clubs d’Europe et surtout d’Allemagne.
C’était une période pendant laquelle le patrimoine musical burkinabè était totalement inconnu à l’extérieur ; et Georges a osé relever le défi, d’où son surnom de Gandaogo qui signifie en langue nationale mooré « celui qui ose ». Le premier disque du groupe paru en France en 1976 fut un véritable succès en Afrique et au sein de la diaspora africaine en France. Les compositions signées par Georges Ouédraogo dans cet album feront de lui l’ambassadeur de la musique burkinabè en Europe. On peut citer, entre autres, « Kato kato », « Mbabila », « Pougodoba ». Ce premier album est suivi, la même année, d’un autre volume dans lequel on retrouve les efficaces « Pogozinga » et « Kombissé », titres à succès.
Il mettra fin à son aventure parisienne avec « Bozambo » pour rentrer au bercail. Mais, il fera trois 45 Tours sous le nom de Georges Ouédraogo/Bozambo. En 1977, son album « Rimbalé/Winafrica » proclame ainsi « Spécial Haute-Volta ». En 1978, il sort son premier album solo baptisé « Gnanfou Gnanfou ». La sortie de son deuxième album lui confère le nom de « Gandaogo voltaïque ». En 1982, il publie un ultime album dans lequel il chante « O.U.A. » en duo, à l’époque, avec la jeune vedette ivoirienne Aïcha Koné. D’autres albums réalisés au Burkina Faso, avec des titres majeurs comme « Gnou zemssé », ont davantage enrichi la carrière du Gandaogo.
Homme au grand cœur, il a été contraint, compte tenu des réalités économiques difficiles, de vendre sa moto en 1990 afin de se rendre aux obsèques de son ancien complice Jimmy Hyacinthe, en Côte d’Ivoire. Quoi de plus normal que de nombreux artistes et des amis de longue date lui témoignent, en retour, leur soutien lors de la commémoration du 40e anniversaire de sa carrière. L’événement a été fêté avec faste à Ouagadougou par un méga concert, le samedi 12 avril 2008, en présence des nombreux mélomanes et de plusieurs autorités.
Ainsi, Charly Sidibé, Sami Rama, Jean Claude Bamogo, Daouda Koné, Bailly Spinto, Ami Koïta, Aïcha Koné ont presté, en guise de soutien à l’artiste. Un impressionnant groupe de musiciens nationaux et étrangers l’ont également accompagné lors de ses spectacles dans plusieurs autres localités telles que Bobo-Dioulasso et Banfora. A cette occasion, il a été fait officier des Arts, des Lettres et de la Communication. Ce fut donc un pionnier très noble, car c’est par lui que la musique nationale burkinabè a commencé à s’exporter au début des années 70. Le disparu laisse derrière lui une veuve et 2 orphelins (un garçon et une fille).
Cyr Payim Ouédraogo
Programme des obsèques
Jeudi 2 février : veillée au domicile du défunt
Vendredi 3 février : soirée - hommage musical à la maison du Peuple de Ouagadougou à 20h
Samedi 4 février à 16h : transfert du corps au domicile du défunt, suivi d’une veillée de prières à 19h
Dimanche 5 février : levée du corps à 10h du domicile pour l’église d’évangélisation du pasteur Karambiri (Dassasgho) ;
14 h départ de l’église pour son village Gogo (12 km de Ouaga) sur la route de Saponé ;
16h : inhumation.
L’Observateur Paalga