Un mois après son arrivée dans son village natal, des divisions se font remarquer au sein de la population et des familles. Des frères, des cousins et des amis se trouvent opposés. Alors que certains soutiennent Kragbé Gnagbé, d'autres continuent d'adhérer au PDCI-RDA de Houphouet Boigny.
Les autorités administratives de Gagnoa sont informées de ce que Kragbé Gnagbé se livre à des activités subversives à Gaba, et fait prélever des cotisations aux paysans pour l'achat d'un véhicule. Des éléments de la gendarmerie de Gagnoa sont envoyés sur les lieux pour nécessité d'enquêtes. A GABA, c'est la panique générale à la vue des gendarmes descendant de leur véhicule. Kragbé Gnagbé est arrêté et conduit devant le préfet Léon Konan Koffi.
Libéré, Kragbé Gnagbé retourne à GABA ou la population lui demande de se mettre à l'abri et de quitter le village. Il se rend d'abord à Sassandra ou réside son père. Poursuivi par les gendarmes, il revient sur Gagnoa et prend le maquis dans une cabane aménagée par ses militants de BOBIA qui l'adoptent Cette cachette. Située à un kilomètre du village de BOBIA au milieu des grands arbres deviendra au fil des temps le QG de Kragbé Gnagbé.
C'est de ce QG que partiront tous les ordres et toutes informations vers les militants et les lieutenants du PANA en poste à Abidjan, Daloa, Bouaké Gagnoa. Ce Q.G. est suffisamment aménagé pour servir aussi bien de logement de Kragbé Gnagbé que de lieu de réunion et de rassemblement avec les privilégiés ou les véritables initiés.
Au QG, l'organisation est la suivante :
Zabia Goué : Père spirituel, chargé des affaires mystiques
Obou Anatole : Féticheur
Djigo Mathias: Secrétaire de Kragbé Gnagbé avec le niveau du brevet élémentaire
Kouamé Henri : Garde du corps et responsable de la sécurité
Tekelie Augustin: Pisteur
Felix Yowre : Héraut
Pauline Datro : Responsable de la restauration et de la collecte des denrées alimentaires auprès des villages.
Des jeunes gens bien bâtis, de véritables gladiateurs recrutés dans chaque village constituaient l'armée de Kragbé Gnagbé
Pendant les audiences de Kragbé Gnagbé, Zabia Goue était toujours assis derrière, parce qu'il était censé neutraliser tous les mauvais esprits. L'organisation du QG reposait sur la discrétion et l'efficacité. Aussitôt qu'un étranger arrivait à BOBIA, un des éclaireurs assis 24H/24H à l'entrée du village portait l'information au QG. Tous les faits et gestes insolites du village étaient source d'alarme au QG. Et très rapidement Kragbé Gnagbé prenait des dispositions pour se mettre à l'abri, soit dans les cimes des grands arbres, soit dans certains villages voisins par des pistes que seuls les lieutenants connaissaient. Kragbé Gnagbé utilisait souvent l'art de se déguiser à la moindre alerte.
Pour rédiger ses textes, Kragbé Gnagbé possédait une machine à écrire mécanique qui lui permettait de dactylographier ses écrits. Il possédait également un revolver, cadeau d'un vieil ami précédemment étudiant à Moscou. Une bibliothèque impressionnante de livres de tous les genres occupait une partie de sa cabane.
Depuis son installation à son QG, Kragbé Gnagbé travaille sans relâche pour rédiger et affiner les textes fondamentaux de son action : "La proclamation aux tribus d'Eburnie", la loi organique de l'Etat d'Eburnie, la future constitution légitimant et réglementant désormais la vie publique. Et ces documents tirés à grande échelle devaient être déversés dans toutes les villes du pays aux fins d'informer les populations.
A SUIVRE ..