Kragbé Gnagbé dit "Opadjilé" (le guerrier en Guebié) est né le 5 juillet 1935 à Sassandra. Apres des études primaires et secondaires en Côte d'ivoire, il se rend d'abord à Dakar dans un collège technique commercial, puis à Paris à la recherche d'une formation solide.
Au terme de ses études en Sciences politiques, le 7 Mai 1963, il soutient une thèse de doctorat de 3eme cycle sur le thème "Tableau économique et Social de la Cote d'ivoire."
Etudiant, Kragbé Gnagbé avait beaucoup milité dans les associations et organisations de défense des intérêts des africains. Il pensait que la colonisation n'avait pas disparu dans les états africains, même indépendants, mais qu'elle avait changé de forme et de mode de fonctionnement.
Il était d'ailleurs édifié par les conclusions de sa thèse de Doctorat. De plus, il affirmait que le parti unique ne ferait ralentir le développement de la Cote d'ivoire ; il était donc convaincu qu'il faillait recréer les conditions du multipartisme reconnu par la constitution. Il crée avec quelques amis, un cercle de réflexion et de rencontre en 1966 pour poser les bases d'un parti politique qu'ils baptisent le Parti Nationaliste (PANA).
En Juin 1966, Opadjilé débarque à Abidjan avec dans ses valises les statuts de son parti, avec la ferme conviction de les faire enregistrer auprès du ministère de l'intérieur dans le but d'obtenir un récépissé qui lui permettrait de coexister avec le PDCI-RDA .
Le 5 Aout de la même année, il est reçu en audience par le président Felix Houphouët Boigny à Yamoussoukro. Dans les semaines qui suivent cette rencontre, il fait déverser dans les rues d'Abidjan et ses banlieues, des tracts avec l'aide de quelques amis et cousins. Dans ces tracts, il dénonce " le vol des terres des paysans bété par les allogènes Baoulé avec la complicité du pouvoir central ". Il fustige les dignitaires du régime et annonce la création prochaine du PANA. En des termes très durs, il dénonce la mainmise des étrangers sur la Côte d'ivoire, et plus particulièrement la part prépondérante accordée à la France.
Embarrassés, le Mardi 19 Décembre 1967 le Bureau Politique du PDCI et les cadres du parti se réunissent à la maison du parti à Treichville pour statuer sur le cas Kragbé Gnagbé qui continue de déverser des tracts xénophobes et anti-PDCI sur Abidjan. A la fin de la réunion, on conclut que l'individu est « bon pour un asile d'aliénés, aux mains de spécialistes en psychiatrie. »
Arrêté et incarcéré, Kragbé Gnagbé est remis en liberté le 20 Novembre 1968. A partir de 1969, frappé d'une interdiction de résider à Abidjan, il décide de se rendre à Gagnoa, plus précisément à GABA, son village natal ; et là, il trouve un environnement favorable à ses thèses.