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La désinformation et la crise en Côte d’Ivoire : Enquête géante de Desgagné Bernard - IV

 

Qui sont Gbagbo et Ouattara ?

 

Loin d’être un dictateur implacable qui s’accroche au pouvoir, Laurent Gbagbo est un ancien syndicaliste et un docteur en histoire, diplômé de la Sorbonne. Il a été incarcéré de 1971 à 1973 pour ses activités de contestation politique pendant le règne de Félix Houphouët-Boigny. Contraint à l’exil en France, il y fonde le Front populaire ivoirien. De retour en Côte d’Ivoire, il se présente en 1990 contre Houphouët-Boigny et devient chef de l’opposition. C’est la première élection présidentielle en 30 ans où un candidat se présente contre Houphouët-Boigny. En 1992, alors qu’ont lieu d’importantes manifestations étudiantes, Laurent Gbagbo est incarcéré de nouveau, cette fois pendant qu’Alassane Ouattara lui-même est premier ministre dans le gouvernement Houphouët-Boigny.

 

Le président à vie Houphouët-Boigny meurt en 1993 et est remplacé par Henri Konan Bédié. À l’élection de 1995, boycottée par Gbagbo et ses partisans, Bédié est élu avec 96 % des suffrages. Il est renversé dans un coup d’État, en 1999, par le général Robert Guéï. Puis, Laurent Gbagbo remporte contre ce dernier l’élection d’octobre 2000. Malgré la contestation et les heurts, le général Guéï finit par reconnaitre la légitimité de Laurent Gbagbo, dont le mandat s’étirera jusqu’en 2010 en raison de la guerre civile.

 

En 2000, les Ivoiriens souhaitaient mettre fin à l’exploitation coloniale qui s’était poursuivie après 1960, c’est-à-dire après que leur pays eut cessé théoriquement d’être une colonie et eut accédé à l’indépendance. Pendant le long règne de 35 ans de Félix Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire est demeurée largement inféodée à la France. Les échanges commerciaux sont restés fortement teintés de colonialisme : la Côte d’Ivoire bradait son cacao brut au profit de la France, qui lui renvoyait du chocolat au prix fort. Les marchés publics étaient systématiquement attribués à des entreprises françaises, qui s’enrichissaient aux dépens des Ivoiriens.

 

 

Au lieu de continuer d’accorder des contrats léonins aux Français, Laurent Gbagbo a décidé de faire jouer la concurrence. Les Chinois sont arrivés avec leurs ingénieurs et leurs bulldozeurs, prêts à faire les mêmes travaux d’infrastructure pour une fraction du prix. Cette politique d’affranchissement est probablement ce qui a valu à Laurent Gbagbo et à son peuple la guerre civile, même si on a plutôt cherché à justifier cette guerre par un prétexte, soit le mécontentement d’une partie de la population au sujet du concept d’ivoirité ou de prétendues tensions interethniques. De nombreux chefs nationalistes africains ayant eu le malheur de chercher l’intérêt général de leur peuple ont gouté à une médecine semblable. Certains l’ont payé de leur vie.

 

À l’inverse, Alassane Dramane Ouattara, surnommé « ADO », est un adepte du libre marché et semble tout à fait à l’aise devant le comportement néocolonial de ses amis étasuniens, français et onusiens. Docteur en économie diplômé aux États-Unis, où il a encore tout un réseau de relations, il a été directeur général adjoint du FMI, dont il avait appliqué les méthodes sauvages d’assainissement des finances publiques en Côte d’Ivoire. M. Ouattara est associé aux Forces nouvelles, un groupe de rebelles qui a tenté de prendre le pouvoir par les armes, qui occupe actuellement une grande partie du pays et dont l’ex-secrétaire général est nul autre que Guillaume Soro, l’actuel premier ministre du gouvernement d’hôtel de luxe de M. Ouattara.

 

Malgré son association avec une rébellion armée responsable d’un cortège de souffrances, Alassane Ouattara prétend vouloir « réconcilier son pays avec lui-même, le remettre en ordre de marche et l’ouvrir sur le monde après des années d’enfermement ». M. Ouattara ne devrait-il pas parler des années d’impuissance du capital anglo-étasunien à exploiter ce pays plutôt que des « années d’enfermement » ? Les investisseurs chinois et français, eux, semblent trouver la Côte d’Ivoire très ouverte. Les États-Unis occupent sans doute une très grande place dans le monde de M. Ouattara.

KHADHORMEDIA 18.01.2011 0 1584
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