Emoi dans la profession judiciaire. Une semaine après la mise en examen de Nicolas Sarkozy, le juge Gentil a reçu une lettre de menaces, accompagnée de munitions. L'affaire a été révélée par le Syndicat de la magistrature (SM), dont plusieurs membres étaient visés par ce courrier, et confirmée par d'autres sources.
"L'un des vôtres va disparaître"
Dans ce courrier, le magistrat est accusé d'avoir "franchi l'irréparable". "Vous êtes physiquement bien protégé", lance l'auteur au juge, "mais l'un des vôtres va disparaître".
Il est précisé que "les cartouches jointes sont à blanc, en attendant de monter nos interventions", et il est précisé que les laboratoires d'expertise ne parviendront pas à trouver trace des auteurs de ces lettres.
"Une escalade de la violence"
Dans un communiqué intitulé "Sérénité!", le Syndicat de la Magistrature remarque que "la violence des propos de la "garde rapprochée" de l'ancien président et l'oeuvre de décrédibilisation de la justice à laquelle elle s'est livrée ne peuvent que susciter l'incompréhension des citoyens, la perte de confiance en l'institution judiciaire et, pour finir, l'insupportable déchaînement de haine envers les magistrats chargés de rendre la justice".
Le Syndicat de la magistrature remarque que "Nicolas Sarkozy bénéficie comme chacun de la présomption d'innocence et a le droit de se défendre comme il l'entend". "Mais nous rappelons", conclut-il, "que chacun doit faire preuve de la plus grande responsabilité dans ses propos et dénonçons fermement cette intolérable escalade de violence".
Interrogée par l'AFP, la présidente du SM, Françoise Martres, a indiqué que le syndicat "reçoit régulièrement des courriers de menaces, mais que, depuis que cette affaire a commencé, il reçoit des lettres d'injures et d'outrages qu'on ne reçoit pas d'habitude, certaines extrêmement haineuses".
Le parquet de Bordeaux a ouvert une enquête préliminaire pour tenter de retrouver l'auteur de cette lettre.